William Blake, platonicien ?
Pour un certain nombre d’entre nous, la poésie s’apparente à un assemblage de jolis mots, nous invitant à une rêverie d’ordre romantique et idyllique. Une sorte de contemplation passive, de somnolence…. Qu'on se le dise : ce type de poésie est aux antipodes des textes et de la vision du monde de William Blake ! Rémi Soulié, après avoir évoqué devant nos caméras les œuvres de Swedenborg, Milosz et Lubicz, nous présente la poésie du britannique William Blake, dans sa dimension d’éveil, de prophétie et d’insurrection des consciences.
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Pour Blake (1757-1827), le poète est le continuateur du prophète : c’est un médiateur qui nous rend accessible, compréhensible et visible l’existence d’une réalité supérieure. Ses textes et ses visions revisitent les textes sacrés dans une dimension mystique, symbolique et ésotérique.
« Si les portes de la perception étaient purifiées, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est : infinie » (Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, 1793)
A la suite des études menées par Kathleen Raine, Pierre Leyris et Pierre Boutang, Rémi Soulié nous rappelle la proximité de Blake avec le Monde Imaginal. Cet interstice subtil et monde intermédiaire, où les anges deviennent guides, que Raine a qualifié de « Gnose de l’Imagination », et qui rejoint les visions de Sohrawardi (XII è.), d’Ibn’ Arabi (XIII è) telles que notre contemporain Henry Corbin les a décrites.
Rémi Soulié, à la suite de Blake, nous propose un dépassement actif et volontaire des limitations de la raison (devenir « capable d’arracher la terre à son sommeil ») et oppose de vives critiques à l'encontre des philosophies d’Aristote et de Newton (« le règne de la nécessité », « la philosophie des cinq sens »).
Tous ces éléments font-ils de William Blake un platonicien ?