D’une certaine manière, ce texte bref et puissant est le fruit ultime d’une vie consacrée au Grand Œuvre.
Après avoir rappelé les fondamentaux de toute queste et dénoncer les dérives actuelles : autoproclamations, autosatisfactions, exhibitions, marchandisations, tourismes ésotériques… François Trojani rapproche deux regards sur le monde, celui des véritables alchimistes, rares et anonymes le plus souvent, et celui des chercheurs en physique quantique.
« De nos jours dit-il, seules certaines des théories avancées par la physique quantique, paraissent analogiquement, mais surtout intellectuellement, fournir quelques aperçus du mystère proprement alchimique. »
« Précédent de plusieurs siècles les découvertes de la physique quantique, on discerne ni plus ni moins et entre autres dans ces deux mots, Pierre et Philosophale, ce que la physique quantique désigne comme une « superposition d’états ». »
Nous retrouvons dans ce livre des éléments de la démarche des membres de la Fondation Ark’all au siècle dernier que François Trojani n’a cessé d’approfondir et de compléter.
« Pour résumer drastiquement, précise-t-il, et selon ces théories, chaque éventualité d’un état superposé interagit avec son environnement. On peut démontrer mathématiquement que chaque interaction « déphase les fonctions d’ondes » et des « états », les uns par rapport aux autres, jusqu’à les rendre « orthogonales » et de produit « scalaire nul ». En conséquence, la probabilité d’observer un état superposé dans le monde euclidien classique, tend rapidement vers zéro. »
Nous sommes en présence d’une autre physique, et d’une autre chimie, approchées par des chercheurs comme Tesla, Lakhovsky, d’Arsonval, Boutard pour n’en citer que quelques-uns.
Les alchimistes ont signalé au sein de leur propre représentation du monde et dans le langage si particulier et imagé de l’alchimie, aussi bien leurs intuitions que les résultats obtenus au laboratoire. Si la Pierre appartient au monde euclidien et fait signe, remarque François Trojani, Philosophale relève du genre et du sens, d’un monde archétypal, peut-être quantique.
« En alchimie, ajoute-t-il, par la fréquentation quotidienne de quelques matières parmi les plus humbles et primitives de cette planète, ne citons que les « minéraux », les « sels et les métaux » conjointement avec celle du Principe moi, observateur, cette conjonction va faire que ces modestes objets vont accéder à l’authentique statut ontologique de celui qui perçoit comme l’agent de ce qui se perçoit, et qui se devient au moment où cela se « donne ». C’est très proche de cette « commotion ultime du troisième type » de Spinoza. »
Cette exploration de soi-même et de l’objet-monde interroge aussi bien le temps que la mort et l’information dont la fonction semble cruciale pour s’affranchir de nos conditions, abolir des limites qui ne relèvent que de l’apparaître. François Trojani nous aide à penser le sujet de l’Ergon et du Parergon en faisant appel aux recherches scientifiques les plus avancées, autant de miroirs qui reflètent des aspects du Réel, de l’Un. L’alchimie commence et s’achève avec l’Un.
« De même, nous dit François Trojani, au sein de la « cité solaire » en un mot, cité de « l’êtreté acquise », les « habitants » sont tous « jumeaux » ; il n’y a pas de secrets et tout relève et émerge de l’infini Mystère « d’être » et de « s’être », voulu par Dieu, comme la plus simple et la plus directe des révélations de Lui-même, au sein de chacune de ses créations, afin qu’elle se devienne LUI. C’est sans doute ici, en employant des concepts issus de la physique quantique, et dans cette observation dès lors différentes de ces « états superposés » dont je parle précédemment, que réside analogiquement, le principe des mystères du Grand-Œuvre, à élucider. »
Le texte de François Trojani se doit d’être méditer. Il éclaire les principes de la queste alchimique mais aussi la nature, la fonction et le rêve de la Conscience inscrite dans l’expérience humaine. Il n’est ici question que de Liberté.
Source: La lettre du crocodile