Je suis celui qui est

« Qui suis-je ? » ; « Restez tranquille ». Telles sont les deux fils serpentins de cette voie directe, non-dualiste, que Râmana Maharshi a manifesté dans sa vie et ses paroles.

Patrick Mandala, traducteur et présentateur de l’ouvrage, évoque en introduction le no pensar nada de Jean de la Croix pour nous rappeler la permanence des voies non-duelles, voies de la négation en Occident comme en Orient. Ce « fonds commun de sagesse », à travers de multiples expressions, plus ou moins directes, au non-dualisme plus ou moins marqué, se retrouve autour du principe de « tranquillité ».

L’ouvrage comporte deux parties, la première rassemble des écrits, la seconde des instructions spirituelles. Les commentaires viennent du Srî Râmanâsramam, l’ashram de Râmana Maharshi et de ses disciples.

A la question, traditionnelle en philosophie de l’éveil, « qui suis-je ? », Râmana Maharshi commence par dire ce qu’il n’est pas : ni corps physique, ni organes sensoriels, ni organes d’activité, ni prâna, ni mental pensant, ni état d’ignorance. Il reste la Conscience, ce qui demeure, le Soi qui est aussi félicité, silence… Cette réalisation, précise-t-il, adviendra « quand l’univers phénoménal disparaîtra de notre perception », c’est-à-dire quand « le mental – la cause de toutes les pensées – est contrôlé et rendu silencieux ».

Râmana Maharshi s’exprime longuement sur cette nécessaire pacification du mental jusqu’à l’obtention de la « tranquillité ». Il aborde les multiples nuances d’une méthode qui aboutit à une absence de méthode. Plusieurs versions de l’enseignement de Râmana Maharshi, répondant à la question « qui suis-je ? », sont proposées dans le livre. Elles sont établies d’après les archives de l’ashram.

Râmana Maharshi n’est jamais très long dans ses développements, il cherche à rejoindre l’essentiel au plus court. C’est très évident dans un texte intitulé « L’essence de l’enseignement » qui, sous forme d’aphorismes, synthétise son enseignement et donne « les instructions de Shiva sur le renoncement et la libération qui s’en suit ». Plusieurs enseignements ont la forme de poèmes, forme propice à une densification de la pensée. Ils furent souvent rédigés à la demande, on peut parler parfois d’insistance, des disciples.

Les instructions spirituelles, upadesha, visent toujours à s’extraire non seulement de la dualité mais de la non-dualité. Râmana Maharshi utilise invariablement et de manière radicale le « qui suis-je ? » pour plonger son interlocuteur dans le silence, chemin ou lieu du Soi, le Soi lui-même. Il épuise en quelques mots tous les concepts et toutes les comparaisons, source de querelles stériles, que ses interrogateurs lui proposent. Il traque littéralement la source du « je », la racine, pour l’arracher. Ne reste alors que le Soi.

La libération, notre véritable nature, déjà là, est au cœur de cet enseignement qui est une pragmatique. Si la réalisation est toujours présente dans chaque propos, Râmana Maharshi glisse chaque fois que nécessaire les pratiques, les rapports aux pratiques, les ajustements les plus favorables à l’actualisation de cette réalisation.

« Vous êtes parfait. Aussi abandonner l’idée que vous ne l’êtes pas. Il n’y a rien qui doit être détruit. L’ego n’a aucune réalité en lui-même. C’est le mental qui fait l’effort, et le mental n’est pas réel. Tout comme il n’est pas nécessaire de « tuer » le mental. Connaître le mental le fait disparaître. »

 

Source: La Lettre du Crocodile

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