Le cœur de la spiritualité

Laurent Jouvet cherche à donner des repères stables aux chercheurs quel que soit le courant dans lequel ils s’engagent. Il y a en effet, sinon des universaux, des constantes dans les traditions qui font jalons sur le chemin.

L’ouvrage présente trois parties et commence par une « petite théorie de la spiritualité » et en premier lieu la question du vocabulaire dans lequel les uns et les autres projettent souvent des expériences fort différentes. L’objectif est de ne pas se laisser enfermer dans les concepts. Dieu, corps-esprit, conscience, ici-ailleurs, haut-bas, un-autre, foi-croyance, religieux-spirituel… sont ainsi distingués et précisés dans la perspective d’une mystique de l’Un. Les distinctions, souvent dualistes, peuvent conduire à un regard non-dualiste.

Trois dimensions et leur articulation sont exposées : corporelle, spirituelle et mystique.

Cette dernière est ainsi approchée :

« C’est le lieu de la « rencontre », le lieu où, en moi, je prends conscience d’une Présence, de la Source qui me fonde et que les religions appellent « Dieu ». Tous les mystiques et même les théologiens, s’accordent pour dire que cette troisième dimension n’a pas de nom. (…) Cette dimension mystique se trouve à l’intérieur de l’esprit. Elle n’est pas du tout touchée par la matérialité. Mais ce lieu de l’esprit est dépouillé de toute pensée, de tout souvenir, de toute représentation des choses. Lorsque tous les contenus habituels de l’esprit sont mis de côté, il ne reste que le regard intérieur, cette conscience profonde qui m’habite et qui prend conscience du fond de l’esprit. »

La deuxième partie de ce travail est consacrée au ternaire conscience – attention – intention qui sont pour l’auteur au centre de toute pratique spirituelle.

« L’intention va guider l’attention pour l’entraîner afin qu’elle acquière trois qualités essentielles : la stabilité – la profondeur – la largeur. »

Il s’agit de « déboucher sur l’esprit dénué de pensée et rempli d’une conscience à l’état « pur » ». Laurent Jouvet insiste sur la nécessité de cet « entraînement de l’esprit » et développe dans la troisième partie un ensemble de pratiques distinguées entre « corporelles », « spirituelles » et « mystiques » pour toutes concourir au simple et à l’unité. Très justement, cet ensemble commence par le corps et les sens portes de l’espace spirituel. C’est bien la libération des conditionnements et une réelle transformation qui sont les fruits de ce procès.

« Arriver par les perceptions corporelles au silence de l’esprit, puis habiter ce silence pour y chercher la Source, l’évoquer pour s’unir à elle, est bien le but de la mystique. Mais l’expérience ne s’arrête pas là. Lorsqu’un apnéiste a touché le fond, il faut bien qu’il remonte à la surface. Pour nous, la descente dans les profondeurs est suivie par un retour au monde. Mais ce retour au monde n’est pas le retour à l’ancien monde. L’expérience mystique me transforme peu à peu, et plus je la fréquente, plus je suis transformé. »

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