Asclépios, ou quand la vision de Dieu était médecine 6/15
Saviez-vous qu’il y a deux-mille-cinq-cents ans, les Grecs pratiquaient une « médecine par les songes » ? En effet, de nombreux voyageurs, souffrant de diverses maladies, se rendaient au sanctuaire-hôpital d’Epidaure, en Grèce, dédié au Dieu de la médecine Asclépios. Pendant leur nuité, en rêve, le Dieu Asclépios, sa fille Hygie (dont provient le terme « hygiène ») ou le fidèle messager Hermès se présentait en vision à eux et leur indiquait le traitement à suivre.
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Posologie, ingrédients, bains et rituels de purification : cette théophanie (= manifestation de Dieu) et ordonnance par les songes étaient validées par les plus grands médecins présents dans ces hôpitaux. Pour tous, à cette époque, voir Dieu constituait les prémices du remède. Confiance, piété et pistis n'étaient jamais loin.
A cette époque, le contact n’était pas rompu entre les vivants et les Dieux.
Dans ce sixième volet du séminaire* « Vision et transformation », Françoise Bonardel interroge les fonctions d’imagination et d’intellection entre les mortels, c'est à dire nous, les vivants, et les Dieux, par nature, immortels.
Deux niveaux de consciences et réalites bien distincts mais dont les interactions jalonnaient le quotidien de tous les Grecs, puis Romains. Malgré la grande précision intellectuelle de ces deux peuples, épistémologique ou philosophique : toutes leurs visions de Dieu, quelles qu’elles soient, étaient accueillies avec bienveillance et fidélité.
Les monothéismes ont ensuite accaparé l’exclusivité de ces visions et déconsidéré celles qui se produisaient en dehors d’eux, les reléguant à des « esprits rebelles », au « malin ». Notions alors quasiment absentes.
« Rappel à l’ordre », « rectitude », « fidélité à son destin » : la vision et réception d’un message divin, si elles étaient assez fréquentes, n’étaient pas pour autant à prendre à la légère. Du simple soldat, ou artisan, au héros : gare à celui qui tentait de s’y soustraire !
Lors de nombreuses occasions, les Dieux se déguisaient en mendiants (Zeus et Hermès face à Philémon et Baucis), en vieilles femmes dépenaillées (Déméter) et frappaient parfois à la porte de gens ordinaires.
Est-ce de là que provient la légendaire hospitalité du peuple grec, que l’on constate encore aujourd’hui ? « Sans aucun doute » répond Françoise Bonardel, une lueur toute athénienne dans le regard...
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*Liste des films, séminaire intitulé "Expérience visionnaire et transformation intérieure" donné à Vézelay par Françoise Bonardel les 6-8 décembre 2019. Les films sont mis en ligne au rythme de un tous les deux mois (juin 2021-> aout 2023).
Volet 1 : Introduction au séminaire « Expérience visionnaire et transformation intérieure »
Volet 2 : Jung, Dürer et Paul : trois expériences visionnaires, ou quand la conscience se sépare du corps
Volet 3 : Le visionnaire : un témoin, un médiateur
Volet 4 : Voir c’est savoir : quand la vue devient vision
Volet 5 : Solve et Coagula : la vision comme creuset entre calcination et sublimation
Volet 6 : Asclépios, quand la vision de Dieu était médecine
Volet 7 : Les visions d’Abraham, Moïse et Daniel
Volet 8 : Les visions d’Isaïe et d’Ézéchiel
Volet 9 : La mystique chrétienne, une compréhension des secrets de la révélation
Volet 10 : Sainte Thérèse d’Avila, quand la contemplation se conjugue à l’action
Volet 11 : Hildegarde de Bingen, ou quand la Connaissance devient intérieure
Volet 12 : Art visionnaire et iconographie alchimique
Volet 13 : Point sublime et surréalité, une frontière pour nos sens ordinaires ?
Volet 14 : Arts visionnaire et psychédélique : vers une connaissance « intégrale » ?
Volet 15 : Visions, intuition et individuation jungienne
Merci à la Libraire L'or des Etoiles, Vézelay, pour son accueil et organisation.