Cinéma et nihilisme

Quels liens subtils unissent le courant philosophique du nihilisme (vision du monde qui tendrait à affirmer que « Si Dieu n’existe pas alors tout est permis » selon Dostoïevski) au monde du cinéma ?

Pour tenter de répondre à cette question nous avons réuni autour de Françoise Bonardel, trois philosophes férus de cinéma : Pacôme Thiellement, Sam Azulys et Thibault Isabel.

Dans un premier temps, tous trois vont tout d’abord tenter de définir le terme polysémique de nihilisme.

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Les points abordés sont multiples : sociaux, culturels, philosophiques… et passionnants.

En effet :

- s’adresser à une large audience rend-elle une œuvre cinématographique systématiquement médiocre ? Non si l’on se réfère par exemple aux films de Woody Allen,  Sydney Polack ou encore de Charlie Chaplin.

- Doit-on opposer le cinéma populaire et distractif (donc de masse) au cinéma d’auteur, plus élitiste ?

Non car souvent le film d’auteur confond « élitisme » avec « nombrilisme » et rejoindrai ainsi une spirale concentrique… dénuée de sens du récit ou de dramaturgie (cf Aristote).

cinéma et nihilismeFrançoise Bonardel

D’un point de vue plus initiatique : voir un film, n’est-ce pas ouvrir un canal direct vers sa Psyché, son âme, et donc accéder à une sorte d’espace intermédiaire… ?

Observer des images qui défilent (image est anagramme de magie rappelons-le, ndlr) est-ce vraiment anodin ?

Cet acte qui est pourtant entré dans notre quotidien est-il dénué de conséquence sur notre corps, notre âme, voire notre esprit ?

Comme nous le rappelle Pacôme Thiellement, fixer l’image de quelqu’un sur un support, c’est lui voler un peu de son âme (cf "la théorie des spectres" de Balzac qui fut débattue avec Nadar, conception qui est communément partagée par tous les Chamans d'ailleurs…) car « telle la Muse du Poète cela lui confère le don d’ubiquité… » nous précise-t-il…

Plus largement, une société comme la nôtre, qui laisse une place croissante à la technique, ne se coupe-t-elle pas de toute forme de transmission de ses anciens : puisque tout est affaire de nouveauté technologique, et que nos pères la maitrisent peu, quelle attention ou crédit apporter à leur savoir-faire et surtout à leur savoir-être…. ?

Depuis deux cents ans que cette déferlante techniciste s'est enclenchée, et que chaque génération y ajoute sa couche succésive de limon prométhéen… Ces sédiments forment-ils un substrat fertil (marche progessive de l'histoire) ou bien un bourbier (age sombre) ?

Thibault IsabelSam Azulys

Le septième art, par-delà la surenchère de ses blockbusters et des statistiques du box-office, atteste-t-il d’une diversité (donc unité et cohésion) d’une civilsation ou bien reflète-il sa caricature, celle de l’uniformité ?

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