Petits et grands mystères du IIe siècle, réflexions transversales

Les cultes à mystères antiques du bassin méditerranéen suscitent encore de nos jours beaucoup d’interrogations quant à leur nature, leurs objectifs et rituels ; ils tranchent en tout cas avec la religion populaire, civile et commune, qui faisait office de ciment social autour du pouvoir politique. Avons-nous affaire avec ces mystères à des procédures initiatiques graduelles voire magiques « où des objets se dérobent et se montrent » et durant lesquelles « la réalité devient fluidique » ? La question se pose sérieusement tant pour les théoriciens/historiens que pour les citoyens/impétrants potentiels…

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Un certain nombre de textes de cette Antiquité des débuts de l’ère chrétienne, où coexistent des cultes très différents, démontre l’importance des cultes à mystère dans divers champs d’étude et dans divers bains cultuels (cultes à Isis, cultes phrygiens, orphiques, à Asclépios…), et nécessairement donc dans l’imaginaire commun.

Le désir de renaitre à soi, de devenir un Nouvel Homme

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Cette soif de transcendance et de dépassement de la condition ordinaire, constante depuis l’aube des temps, se dévoile avec une singulière vigueur dans la culture gréco-romaine du IIe siècle de notre ère. Les questions initiatiques se densifient alors et se lisent de façon très explicite chez plusieurs auteurs : le médecin Claude Galien, le philosophe Aelius Aristide par exemple dont l’écriture est imprégnée de l’esprit de ces mystères.

Vers une monumentalisation de ces cultes à mystères

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Philippe Hoffmann, grand spécialiste des mystagogies antiques, nous décrit dans cette conclusion du colloque *, avec prudence et érudition les caractéristiques communes de ces cultes du IIème siècle. Il revient notamment sur l’expérience émotionnelle (peur, frissons dans les mystères d’Eleusis par exemple) et sensorielle (visions, alternances de sons et de silence, fumigations) qui les compose, ainsi que sur le caractère temporel, progressif jusqu’à la survenue d’une rupture brutale, extatique, qui fait passer l’adepte sur un autre plan d’êtreté.

Ce « mysteric turn » du IIe siècle est en fait davantage une cristallisation, une intensification, qu’un véritable « tournant », ou changement. Il constitue une source vive de la tradition européenne à laquelle il est toujours loisible de s’abreuver, et où se confondent dans une grande communion émotionnelle l’adepte et les influences cosmiques…

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* Enregistrement effectué à l’INHA, Paris, le 20/09/2018. Colloque international "Les mystères au IIe siècle de notre ère : un mysteric Turn ?" organisé par Nicole Belayche (EPHE, PSL / AnHiMA), Philippe Hoffmann (EPHE, PSL / LEM) et Francesco Massa (Université de Genève), auxquels nous adressons nos remerciements.

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