Ludwig van Beethoven, un mystique méconnu

Beethoven (1770-1827) nous a quitté il y a bientôt deux siècles. Etonnamment, aujourd’hui encore, aux quatre coins du monde, ses symphonies font salle comble et l’Hymne à la joie ou la Lettre à Elise sont connues de tous. Comment expliquer une telle pérennité, et surtout une telle universalité ? Selon Yves Henry, grâce à Beethoven, pour la première fois, on peut parler de "sentiment dans la musique".

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Il nous dit : "le sentiment est quelque chose qui nous touche, et que l’on peut transmettre. Et en cela la musique de Beethoven est non seulement atemporelle mais aussi universelle". Explications.

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Du silence la pensée musicale s’élance

Enfant solitaire, d’une santé fragile, Beethoven fut frappé de surdité peu après ses trente ans alors qu’il était encore un jeune compositeur. Cette infirmité qui, compte tenu de sa vocation, prend toutes les formes d’une malédiction, l’obligea non seulement à chercher en lui la force intérieure pour surmonter son handicap, mais aussi à apprendre une autre façon de communiquer avec le monde extérieur.
Dans son œuvre, donc, "physique" et "psychisme" s’unissent à un même diapason, dans un élan vital de création, ce qui permet à certains d’affirmer au XXème siècle : "la musique de Beethoven a permis l’éclosion de la psychanalyse" ; ou encore, comme Romain Rolland : "les quatuors à cordes de Beethoven forment les quatre voix d’une même âme…" .

Les Lumières, l’Aufklärung allemande : une nouvelle relation à Dieu

L’histoire des hommes, l’histoire de la philosophie et l’histoire de la musique sont intimement mêlées. A cette époque, donc, Kant  (1724-1804) bouleversa la conception-même de Dieu et les rapports que les hommes pouvaient entretenir avec lui. Dans cette évolution, nous-dit Bernard Fournier : "Dieu n’est plus un principe qui nous dicte une parole que nous devons suivre mais bien une entité avec laquelle nous-nous devons de parler". Et contrairement à Mozart  (1756-1791) "qui s’est tenu toute sa vie à une obligation de pudeur très XVIIIème, Beethoven, quant-à-lui, anticipa une ère nouvelle, une ère où c’est le Je qui prend la parole. Un Je annonciateur de modernité et d’inaltérabilité"…
Pour lui de préciser : "au XVIIIème, le Je était inconnu. Les hommes avaient une vision de l’art qui venait exclusivement de Dieu. Beethoven fut le premier à concevoir ce Je qui parle à Dieu, et au nom de tous. C’est pourquoi le Je de Beethoven est collectif : par l’idéal kantien, et celui des Lumières, il quitte ce permanent soucis d'objectivité pour assumer pleinement sa subjectivité et entrer dans une dynamique universalisante".

Un idéal d’unité et de fraternité humaine que l’on retrouve d’ailleurs dans le poème de Schiller, l’Ode à la joie, dont Beethoven s’est officiellement inspiré pour composer l’Hymne à la joie. Un hymne, qui rappelle sans nul doute, l’impermanence de ce même idéal chrétien : "aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés*"…


* Jean 15, 9-17

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