Cette publication des rituels féminins inédits de 1938 attribués à Constant Chevillon et Raoul Fructus était très attendue. L’étude et l’exégèse qui accompagnent les rituels permettent de saisir les intentions des auteurs et la pertinence du rite.

Les rituels ont été publiés pour l’usage. Cette publication permet leur mise en œuvre éventuelle et aussi leur sauvegarde nécessaire contre l’oubli. Les textes originaux ne sont pas toujours précis, les auteurs ayant privilégié le contenu initiatique. Axel Karol a donc apporté des précisions, détails qui étaient absents dans les rituels originaux.

Axel Karol remarque combien la question du féminin au sein de la Franc-maçonnerie a été maltraitée même sous les apparences égalitaires. Il considère, avec justesse, que le Féminin sacré et l’expérience initiatique singulière dédiée à la femme n’ont jamais été réellement pris en compte, pensés, élaborés et validés. Il pose ainsi une question trop souvent ignorée à l’ensemble de l’Ordre maçonnique, question qui pourrait se révéler salutaire pour la pérennité et le renouvellement de l’institution maçonnique en ses multiples composantes.

Souvent désigné comme « rite féminin de Chevillon », Axel Karol penche pltôt pour une écriture par Raoul Fructus, à la demande de Constant Chevillon. « Ce qui trahit l’auteur avec une quasi-certitude, c’est essentiellement la nature des symboles employés et leur agencement, dit-il. En effet celui-ci s’appuie beaucoup sur une vision pythagoricienne de la maçonnerie et, plus intéressant encore pour nous, sur les symboles des derniers grades du rite de Memphis-Misraïm et de ses Arcana Arcanorum que seul connaissait Raoul Fructus. »

L’analyse proposée de quelques symboles permettent d’approcher le Féminin sacré inscrit dans les rituels, notamment le rapport féminin singulier à la Lumière, et l’apport des Arcana Arcanorum. Axel Karol aborde entre autres, la spécificité des âges symboliques, 2, 4 et 8 ans correspondant aux trois grades d’Apprentie, Compagnonne, Maîtresse, les marches symboliques, kabbalistiques, le double voile, les formes distinctes des maillets, les couleurs, le symbole des Arcana Arcanorum présent au troisième grade, etc.

Il note : « Paradoxalement, il y a moins de références égyptiennes que dans le rite masculin, mais les références grecques qui les remplacent nous renvoient à une tradition qui en était bien plus proche en esprit que ne le sont les rituels actuels des rites masculins, si bien que l’on pourrait considérer qu’il s’agit là d’un lien beaucoup plus authentique avec l’esprit de l’Egypte hellénique. »

L’ensemble des rituels, ouvertures, fermetures des travaux, initiations pour les trois grades, rituel de triangle, et les instructions forment un corpus particulièrement riche en symbolique hermétiste, mais aussi en philosophie et métaphysique. La dimension poétique des rites et des mythes véhiculés est forte et le premier sentiment qui jaillit à la lecture des rituels est sans doute la beauté.

Axel Karol souhaite que, ici et là, des sœurs s’emparent de ce dépôt, un trésor initiatique, et le fassent vivre. Nous ne pouvons que le souhaiter à notre tour.

Source : La Lettre du Crocodile