Astrologie et astronomie, deux sœurs irréconciliables ?

Imaginons un livre, ouvert, posé sur une table, dans une grande pièce sombre. Deux hommes s’en approchent. Tour à tour, on leur demande de répondre à la simple question : « que voyez-vous ? ». Le premier, de formation scientifique, va répondre sur un mode que l’anthropologue Philippe Descola* qualifie de « naturaliste ». C’est-à-dire que son éducation l’a habitué à analyser toutes choses en termes quantifiable et mesurable. Dans son système de pensée, même les variables sont prévues. « Précision » est son maitre mot et toute marge d’appréciation personnelle est inappropriée.

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Sa réponse sera logiquement « je vois un livre, composé de papier (pate de cellulose, fibre végétale, bois) et d’encre (eau, gomme arabique et de noir de fumée-carbone) ».

Sciences dures, de la répétition, versus sciences molles de l’humain ?

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Notre second homme appartient au système de pensée de « l’analogiste » (toujours selon la même grille* de lecture). Son approche consiste à aller au-delà de la forme extérieure et des phénomènes, pour atteindre l'essence de toutes choses. Pour cela, il tisse des liens entre des domaines distants, parfois très relatifs, comme la culture, les paradigmes civilisationnels, là où potentiellement l’homme a imprimé sa propre vision des choses.

Cet homme ne s’interdit rien (y compris le droit à l’erreur) et répondra : « je vois un livre écrit dans telle langue, relevant de tel style et il nous parle telle histoire… ».

Contrairement au naturaliste, l’analogiste cherchera sans doute à parcourir la suite du livre ! 

Pour aborder la passionnante question des liens supposément antagonistes entre astronomie et astrologie, nous avons conviés deux scientifiques. Tous deux sont férus d’astronomie et d’astrologie : Didier Massoulle et Franck Nguyen. Si les deux hommes partagent un grand nombre de points communs, nous constaterons malgré tout que les points de dissension entre eux seront assez nombreux.

Un état de fait qui illustre que si l’astronomie est parvenue à atteindre un certain consensus, l’astrologie, quant à elle, souffre d’un manque évident d’unité. Cet écart vient sans doute de la distance qui sépare les notions de « découvertes » de celle « d'inventions ». Humain, trop humain ?…

Ainsi, dans le prolongement de notre exemple : alors que l’astronomie étudie des phénomènes clairement quantifiables et isolés (vitesse, taille, champs d’influences énergétiques, gravitation), l’astrologie s'intéresse aux relations qui unissent  la Terre et le Ciel, les hommes et les astres. De plus, contrairement à l’astronomie, l’astrologie se base sur de nombreux points fictifs qui n’ont aucune réalité physique (les nœuds lunaires, la roue du zodiaque) etc… Mais cela n’est pas un handicap : si les scientifiques attestent de l’influence de la lune sur les marées ou sur les végétaux, s’ils ne sont pas encore parvenus à démontrer l'influence de celle-ci sur les humains, cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas !

Mais en toile de fond de cet échange demeurent des questions philosophiques fondamentales pour nous humains, qui vont bien au-delà du "pourquoi" (astrologie) et du comment (astronomie) : l’univers est-il fini ? Quelle est notre rapport au temps ? Existe-il un lien entre Homme et Univers ?

Des questions d'ordre métaphysique et spirituel qui trouvent dans cet échange des réponses pratiques tant sur un plan historique, géographique que philosophique !

* Selon l’anthropologue Philippe Descola, il existe quatre modes de pensée pour l’homme :
1) animisme, 2) totémisme, 3) naturalisme et 4) analogisme.

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