Hors d’elles

Fabienne Gruckert aborde, sous la forme du roman, les porosités entre le visible et l’invisible. Les apparitions, les visions, les prémonitions et autres phénomènes dits paranormaux sont aujourd’hui l’objet d’études scientifiques que nous pouvons retrouver en France grâce à l’Institut Métapsychique International, l’IMI. C’est d’ailleurs Renaud Evrard, maître de conférences habilité à diriger des recherches en psychologie à l’Université de Lorraine, qui préface ce livre. Il a développé, avec Thomas Rabeyron, une approche clinique de ces phénomènes au sein du Centre d’information, de recherche et de consultation sur les expériences exceptionnelles. Il dit le désarroi de ceux qui connaissent ce type d’expériences dans une société qui les méprise. Il appelle les cliniciens à leur offrir une véritable écoute et un accompagnement digne. « Leur devoir est de se renseigner sur cette facette de la vie humaine de manière à pouvoir l’accueillir en diminuant au maximum l’impact de leurs préjugés sur leur pratique professionnelle. »

Le choix du roman, par Fabienne Gruckert, pour aborder ces expériences et phénomènes étranges, vécus au sein de sa famille, permet de mettre l’accent sur les conséquences de l’irruption de l’inexpliqué dans la vie quotidienne. Le lecteur est conduit au cœur d’une intrigue émotionnelle, psychique et physique, non comme un voyeur mais comme un apprenant. Il découvre, au fil de l’histoire, la solitude, l’incompréhension, le doute, l’incertitude, la peur… qui s’installent chez ceux qui vivent entre deux mondes, dont l’un est nié par la culture dominante. C’est une quête de sens.

« A ce jour, dit-elle en introduction, je n’ai pas réussi à trouver des réponses à toutes mes questions, mais j’ai remarqué que lorsque des visions arrivent en période plutôt « fastes », ces moments où la vie s’écoule sans heurt ni conflit, elles sont toujours empreintes d’un caractère dramatique. Le drame, justement, est de ne pas réussir à les décrypter. La frustration, alors, est immense, mêlée à l’incompréhension de recevoir de telles informations sans savoir, ni comment s’en servir, ni à qui elles sont destinées. »

L’authenticité et la sincérité du récit nous touchent. En des temps, où nous savons que la linéarité temporelle est une illusion, que l’intrication des êtres est une réalité, que nos savoirs ne sont que très parcellaires, ce témoignage devrait au moins nous inciter à rester de vivants points d’interrogation et à nous ouvrir davantage à l’autre.

Source: La lettre du crocodile

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