L’impermanence heureuse

Pour les habitués de l’enseignement de Swami Prajnanpad, ce livre sera un témoignage précieux sur sa pensée en action. Pour les autres, c’est une opportunité de découvrir un enseignement majeur, très direct, très libre.

 

Colette Roumanoff commence par préciser certains aspects particuliers de la pensée de Swamiji concernant les désirs, les émotions, les pensées, l’intellect… qu’il envisage toujours dans le but de distinguer l’apparence du réel.

C’est à vingt-six ans qu’elle rencontre Prajnanpad qui l’accompagne depuis. Elle retrace pour nous ce long parcours d’acceptation et d’ouverture. 

Les émotions constituent à la fois une matière à travailler et une voie de libération pour peu que nous soyons attentifs au rapport que nous établissons avec elles. 

« Les émotions vous enseignent. Elles vous conduisent à la vérité. De l’erreur, que vous prenez maintenant pour la vérité, vous allez vers la vérité. Les émotions sont un atout. Plus on ressent d’émotions, plus on est éveillé. »

Au lieu de séparer, Swamiji cherche à rassembler ce qui apparemment s’oppose irrémédiablement, que ce soit la victime et l’assassin, le bien et le mal, l’amour et la haine… pour réaliser l’unité. Dans cette démarche, le karma est envisagé d’une manière très précise :

« Le karma commence quand le mental se met à travailler. Ainsi, le mental et le karma ne sont rien d’autre que la même chose. La manifestation du mental est l’action. Et là où il y a action, il y a réaction. Ce flux continu, cette chaîne d’action et de réaction n’est rien d’autre que le jeu du karma. Connaître la réaction en tant que réaction, c’est être libre de la réaction. Et si quelqu’un est libre de la réaction, il est libre du karma, de l’action aussi. »

Cette liberté est intrinsèquement associée à l’instant présent, à la capacité à recevoir ce qui se présente comme totalement nouveau. Observer les réactions en cherchant à distinguer ce qui réel, ce qui ne l’est pas, permet de s’engager sur le chemin de la liberté.

« Seule l’expérience vécue donne un fondement solide, les informations nécessaires pour voir les faits comme ils sont, sans le flou nébuleux des pensées, des hypothèses gratuites et des idées imaginaires. »

L’enseignement de Swamiji (il refusait l’idée d’enseigner quoi que ce soit) est inhabituel dans le monde des traditions de l’Inde, volontairement décalé mais tellement ajusté, afin de renvoyer inlassablement à ce qui est là et non à ce que nous-mêmes voulons voir, ou à ce que les autres veulent nous faire voir. Cette acceptation totale de ce qui se présente, cette simplicité absolue, naturelle en fait, cette volonté permanente de l’objectivité, installent dans l’ici et maintenant.

« Celui qui recherche l’illumination ne peut jamais atteindre l’illumination, jamais. »

Ecartant contraintes, ascétismes, méditations formalisées, systèmes, la voie proposée par Swamiji, plutôt une non-voie, pourrait se résumer en un mot : « oui » : « Oui à tout ce qui vient, oui à tout ce qui arrive ». Cet art de vivre commence avec la bonne humeur et s’achève dans une joie sans objet.

« Quel est le signe de l’action juste ? Elle mène à l’unité. L’action ignorante mène à la séparation et au conflit. »

Source: La lettre du crocodile 

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