Voici un livre qu'il est intéressant d'ouvrir par sa bibliographie ou, plus précisément, par les " Eléments de bibliographie " proposés par l'auteur. S'y côtoient Robert Ambelain, Jean-Pierre Bayard, Jules Boucher, Marie-Madeleine Davy, Gilbert Durand, Fulcanelli, René Guénon, Carl Gustav Jung, Kalou Rinpoché, Jean Klein, Annick de Souzenelle, Chögyam Trungpa, Oswald Wirth, parmi beaucoup d'autres. De quoi alerter le lecteur averti d'un possible vrai travail, et c'est précisément le cas.

Ce livre, sans prétention, tout à fait abordable, traite avec beaucoup de justesse et de profondeur d'un sujet dont on se demandait parfois s'il était encore bien " maçonniquement correct ", la spiritualité de la franc-maçonnerie.
Francis Ducluzeau rappelle, et cela était devenu nécessaire, que la franc-maçonnerie est une voie spirituelle :
" Il existe pourtant des voies spirituelles qui peuvent se vivre quotidiennement dans une vie familiale et dans l'exercice d'un métier ou d'une profession et, parmi celles-ci, la Franc-maçonnerie en est une qui, sans prétendre être la seule, correspond à notre temps.
Le présent ouvrage est destiné à ceux qui, à l'extérieur, ignorent que la Franc-maçonnerie peut justement proposer une réelle voie spirituelle et à ceux qui, à l'intérieur, ne l'ont pas encore ressentie ni vécue comme telle. Ces derniers sont ceux qui ont tendance à interpréter les voies spirituelles, quelles qu'elles soient, en concepts et en systèmes de pensée. Leur approche est en général uniquement rationnelle, intellectuelle, philosophique. Or, une voie spirituelle est une voie de simplicité, qui repose sur un regard attentif sur nous-mêmes et sur la réalité des valeurs et du monde dans lequel nous sommes baignés : il s'agit d'entrer vraiment dans l'expérience vécue de cette réalité. "
Plus loin, Francis Ducluzeau énonce l'essentiel, là encore un essentiel incompris voire oublié, y compris de nombreux maçons, à savoir que la franc-maçonnerie est une voie initiatique, ou en tout cas qu'elle devrait l'être :
" Finalement, ce qui différencie la Maçonnerie des Eglises et des courants philosophiques et la rend vulnérable et suspecte à ceux qui ne font pas l'effort de chercher à en comprendre la nature véritable, c'est moins les prises de position historiques de part et d'autre que le fait que ses temples ne sont pas ouverts aux non-initiés curieux de savoir ce qui s'y passe, justement parce qu'elle n'est pas une religion mais une voie initiatique dont l'ésotérisme repose sur une découverte progressive d'un corpus symbolique constituant, pour celui qui est en chemin, une méthode libre d'éveil personnel plus que d'enseignement doctrinal. " Les mots sont là : voie initiatique, ésotérisme, corpus symbolique, chemin, éveil. Au fil des pages, Francis Ducluzeau s'emploie à nous présenter les dimensions profondes de ce chemin maçonnique, ici dans le cadre de la Grande Loge de France. Il indique au lecteur quelques sens de la Tradition, du rite, du sacré, de la fraternité, qui fondent la spiritualité maçonnique comme chemin de réconciliation, une réconciliation préalable à l'entrée en voie d'éveil, sans jamais se départir d'une grande lucidité :
" Peut-on posséder la vérité ? Jésus, archétype de la synthèse de l'homme et du divin n'a pas dit : "J'ai la vérité" , mais "Je suis en vérité". Ce qui veut dire qu'il ne faut pas raisonner en terme d'avoir, mais d'être.

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