A la suite d’une mission d’étude sur l’Île de Pâques, Jean-Marie Groult s’est passionné pour la culture et l’histoire de la civilisation rapa nui. C’est à la suite d’un autre séjour sur l’île, que ce récit a vu le jour.

Il met en scène Arnaud, qui a conservé un lien intime avec la Nature, dans son exploration de l’île et de ses mystères. S’il s’agit bien d’un récit d’aventures, aventures manifestement vécues puisqu’illustrées de nombreuses photographies couleur, près de 130, l’ouvrage apporte de nombreuses informations historiques ou actuelles sur l’Île de Pâques et son peuple. C’est aussi un voyage initiatique, une découverte de soi et de notre rapport au monde.

« Ce matin, en quittant le village, Arnaud a été interpellé par un curieux personnage. Un bonhomme plutôt sec, son visage cuivré et effilé était paré d’une barbichette comme celles figurant sur les moaï Kava Kava. Avec un regard intrusif, à la limite gênant, il lui a demandé ce qu’il comptait faire de sa journée, Arnaud lui a répondu sans hésiter qu’il projetait d’aller voir la plage d’Anakena, « Pour quoi faire ? » lui rétorqua froidement le rapanui qui semble-t-il n’y était jamais allé de sa vie malgré la faible distance. Effectivement ces visiteurs avaient bien de futiles occupations d’occidentaux ! « Quand des hommes parcourent le monde pour tenter de se réaliser, d’autres le font aisément, dans la plus grande simplicité, sans jamais quitter leur minuscule île perdue dans le grand océan » réalise Arnaud. »

Spéléologue, membre de la Société des Océanistes, Jean-Marie Groult avait organisé en 1983 une exploration souterraine ethnographique de l’île, les fruits de cette exploration ont été exploités, avec beaucoup de respect, pour ce livre. Par ailleurs, passionné de symbolisme et de mythologie, il replace ses découvertes et ses rencontres dans un contexte historique mais aussi dans un ensemble de possibilités interprétatives.

« Ces excavations expressément taboues nommées « grottes de famille », étaient interdites d’accès à quiconque. Si le propriétaire d’une grotte secrète donc tapu y contrevenait en la faisant visiter ou en indiquait son emplacement, il pouvait y avoir en contrepartie de sévères représailles. Lui-même ou quelqu’un de sa famille mourrait assurément dans les semaines qui suivraient.

Mais, ce jour-là, ce lieu semblait bien abandonné, il n’était plus tapu. Arnaud, avant de pénétrer dans une grotte contrôle toujours s’il n’y a pas un petit tas de pierres ou des branchages déposés à proximité, signalant l’interdiction ? »

Bien entendu, nous retrouvons les célèbres et troublantes statues de l’île, ce que nous savons de leur histoire, et les découvertes les plus récentes à leur sujet, notamment leurs yeux disparus de corail blanc et de tuf rouge. Quelques fragments sont conservés au musée Sébastien Englert. Cependant, aussi impressionnantes soient-elles, l’île regorge de bien d’autres trésors, naturels ou nés de la main de l’être humain. 

En faisant partager au lecteur ses aventures, ses expériences et ses connaissances, Jean-Marie Groult lui fait un beau cadeau, celui d’une envie impérieuse de poser les pieds et le cœur sur cette île mythique.

Source : La Lettre du Crocodile