Pour l’amour de toute chose de Lisa Cairns

Beaucoup d’individus cherchent l’éveil mais la quête et le chercheur sont souvent l’obstacle au but recherché. Le moi ne désire pas vraiment la fin de la quête. Ce qu’il veut c’est poursuivre sa quête. Il ne veut pas que cette recherche se finisse. Il veut chercher, chercher et chercher encore. C’est pourquoi Lisa Cairns nous rappelle que l’effondrement de la personne, du chercheur est une question fondamentale à laquelle doit se confronter celui qui est pris dans l’histoire d’une quête. Qu’est-ce que l’effondrement du moi ?

« C’est une énergie qui se détend... Dans la plupart des cas il semble qu’il y ait une déconstruction du temps... Cette énergie se réduit lentement, progressivement, et l’énergie se vide et s’épuise. Mais finalement, ce qui va se passer, c’est que l’idée de déconstruction dans le temps va elle-même se déconstruire, et que la notion d’un processus ne sera plus qu’une idée ».

L’apport principal de Lisa Cairns est probablement de pointer ce qui se passe quand la personne meurt. « Qui vous êtes vraiment se dissout au sein de toute chose. Vous chutez hors de vous-même. Vous ne vous cachez plus derrière la tête et les histoires, ou dans votre relation au monde. Vous ÊTES le monde, vous êtes toute chose. Il ne s’agit plus de vous, négociant avec le monde, et de « vous » en relation avec « l’autre ». C’est une résorption, vous disparaissez complètement. Cela n’arrive pour personne, cela se passe dans l’immobilité absolue, parce que, hors de cette histoire, à qui ça pourrait-il arriver ? C’est simplement et parfaitement vide. Cette immobilité est incroyablement belle... Que reste-t-il quand cette personne meurt ? Ce qui est. Qui est la lumière, les sons, les odeurs, l’absorption du thé...

La libération ne transforme pas le corps en un corps parfait, ou en un héros, ou en quelque chose de spécial. C’est simplement l’absence de ce que j’appellerais la souffrance... Ce qui est, c’est la vacuité absolue et la plénitude en même temps. Un énorme vide et un silence qui est vacant, et non pas esseulé mais seul... il ne reste personne. S’il n’y a pas de vous, il n’y a pas d’autre ». Lisa Cairns comme nombre d’auteurs non-dualistes insiste sur le caractère paradoxal de la réalité qui demeure.

« Cela n’a pas de but et cela ne va absolument nulle part ! Les formes apparaissent et disparaissent sans aucune raison. Vous n’allez pas conquérir la compréhension, le sens, la raison ou le paradis. L’effondrement de tout cela va se produire, et alors il n’y a que ceci. Ceci est la perte, non pas l’obtention ou le devenir. Ceci est perdre ». Il n’y a personne. Juste la vie qui se déroule, infiniment. « Toute chose est cette Vitalité antérieure à « je suis le corps » et à toutes les pensées. En fait il n’y a aucune autre chose, parce que tout est Vitalité... Vous n’êtes pas le corps et vous n’êtes pas l’histoire. Le corps et son histoire apparaissent plutôt en ceci... Mais ceci n’est pas un monde duel. C’est une seule énergie s’exprimant à travers sa créativité... Ce qui est c’est ce qui reste.

Ceci, qui n’est pas deux. Aucune chose. Vous ne pouvez jamais voir l‘Unité, pourtant c’est ceci ».

Cette liberté de Tony Parsons, Editions L’Originel-Accarias.

Ce livre dénonce l’espoir illusoire d’atteindre un jour une fuyante illumination. Tony Parsons dévoile sans compromis le malentendu singulier et fondamental qui pousse à la croyance qu’il existe quelque chose appelé un chercheur qui ait besoin et soit capable de trouver quelque chose appelé illumination. Ici l’insatisfaction existentielle qui habite le chercheur n’est pas fourvoyée par la promesse de lendemains qui chantent à force de pratiques. Elle est simplement orientée vers son effacement par la dissipation du chercheur lui-même et de l’histoire dans laquelle il se complaît pour continuer à exister coûte que coûte.

« Il y a seulement que ce qui est, conscience incluse. Conscience et savoir sont des fonctions qui maintiennent une apparente séparation. Lorsque moi s’effondre, la conscience s’effondre aussi. La conscience est savoir, et pour savoir il faut en être séparé. Cela ne se produit que dans le rêve dualiste dans une réalité sujet-objet. Lorsque moi s’effondre, il n’y a rien qui sache ce qui est. Réaction est énergie réagissant apparemment ... Il n’y a aucune reconnaissance que quoique ce soit ait une quelconque réalité fixe. Il n’est que ce qui est et n’est pas... Tout s’effondre complètement : ainsi il n’est rien qui soit conscient de soi et il n’y a aucun jeu. La complicité prend fin. La seule compassion est de révéler ce qui emprisonne. Il n’y a rien de bien ou de mal à propos de quoi que ce soit, c’est juste ce qui se produit ». Le propos de Tony Parsons est direct, radical, il ne laisse aucune place à quelque reconstruction mentale, spirituelle.

« Il n’y a pas de projet, il n’y a que ceci qui apparemment se passe ; Il n’est qu’absence de chose, rien apparaissant être ceci. C’est semblable au changement d’énergie. Quelquefois on parle d’énergie contractée retournant se fondre dans l’incommensurable. Aucune de ces choses n’est réelle. Elles ne se produisent pas vraiment. Il n’existe aucune chose telle que réelle libération, réelle contraction ou réelle énergie sans borne. Ce qui est et n’est pas ne peut être décrit ou su, c’est ceci. C’est pourquoi toute idée que vous pourriez le trouver ou pas est absurde. Comment pouvez-vous connaître l’insaisissable ?... Il y a uniquement pas de chose apparaissant. Ce n’est pas l’absolu et le relatif ; c’est l’absolu relatif en tant qu’une seule et même chose. Il n’y a aucune chose que tout, et ce qui est et n’est pas ».

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