Les trois piliers du Zen de Philip Kapleau

Philippe Kapleau (1912 – 2004) fut un élève de Daisetz Susuki à Columbia aux USA avant de partir pour le Japon où il pratiqua le zen auprès du maître Yasutani-roshi pendant plus de douze années. De retour aux USA, il y fonda une école qui essaima en Amérique et en Europe.

Dans son avant-propos, Philip Kapleau annonce la finalité de ce livre : « En bref, dit-il, le zen est une religion dotée d’une méthode exceptionnelle de discipline du corps et de l’esprit, dont le but est le satori, c’est-à-dire l’Eveil, ou prise de conscience de Soi.

Dans cet ouvrage, j’ai essayé de formuler le caractère et l’esprit essentiellement religieux du zen – ses rites et ses symboles -, son appel au cœur autant qu’à l’intelligence – car en tant que voie bouddhiste de libération le zen est très assurément une religion. Basée sur les plus hauts enseignements du Bouddha, elle a été apportée d’Inde en Chine, où les méthodes et les techniques qui sont propres au zen se sont développées avant d’être, au cours des siècles suivants, parfaites au Japon. Le boudhisme zen est donc l’aboutissement des expériences spirituelles de trois grandes civilisations d’Asie. »

L’essentialité du zen lui donne une portée universelle, toutefois, face au développement d’un pseudo-zen occidental, Philip Kapleau, afin de « corriger cette déformation » a composé « un ouvrage exposant les doctrines et les pratiques authentiques du zen par la bouche des maîtres eux-mêmes (…) en montrant comment elles deviennent vivantes dans l’esprit et le corps d’hommes et de femmes d’aujourd’hui. »

La première partie de l’ouvrage traite de l’enseignement et de la pratique avec des causeries du maître Yasutani-roshi, des commentaires sur le koan Mu du même Yasutani-roshi et des entretiens de ce dernier avec dix occidentaux. Cette première partie s’achève avec le sermon de Bassui et des lettres à ses disciples.

Bassui Tokusho fut un maître influent du zen Rinzaï au XIVe siècle. Il écrivit peu mais son célèbre sermon demeure l’un des textes les plus importants du zen.

Voici la lettre qu’il envoie à un agonisant :

« L’essence de votre Esprit n’est sujette ni à la naissance ni à la mort. Elle n’est ni l’être ni le néant, ni le vide ni la matière. Elle n’est pas quelque chose qui connaît souffrance ou joie. Si fort que vous essayiez de savoir qui est malade en ce moment, vous ne le pouvez pas, pourtant, si vous ne pensez à rien, si vous ne désirez rien, si vous ne cherchez à rien comprendre, si vous ne vous attachez à rien, si vous vous bornez à vous demander : « Quelle est la vraie substance de l’Esprit de cet homme qui souffre ? » et si vous atteignez la fin de votre vie comme un nuage s’estompant dans le ciel, vous serez finalement libéré de votre douloureux asservissement à l’éternel changement (= à la renaissance). »

La deuxième partie du livre propose huit témoignages sur l’illumination. Philip Kapleau a choisi des témoignages d’orientaux ou occidentaux menant une vie ordinaire à notre époque, pratiquant le zen et ayant « connu l’Eveil à des degrés différents ». « Leur histoire, dit-il, atteste que le satori n’est pas un idéal inaccessible. »

La troisième partie regroupe des appendices : L’être et le temps selon Dogen, les dix images de la Capture du Bœuf, les postures du zazen et un utile glossaire. Si ce livre est l’un des plus célèbres écrits sur le zen, ce n’est pas seulement parce qu’il est l’un des premiers livres occidentaux sur le sujet, il fut publié la première fois en 1965, mais parce qu’il offre un cadre à la fois rigoureux, traditionnel et ouvert à la pratique du zen.

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