Parce que l’histoire, y compris initiatique, fut d’abord écrite par des hommes, la place de la femme dans le monde initiatique, si essentielle, demeure largement sous-estimée.

« Depuis l’aube des temps, nous dit Lucie Leforestier dans son avant-propos, une initiation dédiée aux femmes existe, bien qu’il soit impossible d’en trouver une histoire synthétique et cohérente, les historiens classiques ne s’attachant généralement qu’à l’aspect exotérique et artistique. Ce que des femmes initiées ont vécu et expérimenté est d’une richesse considérable… mais cachée. Il faut en avoir l’intuition et aller la quérir pour en extraire l’enseignement. »

C’est l’Egypte ancienne qui semble offrir à la femme en quête la place qui lui revient :

« L’Egyptienne qui désirait s’engager sur une voie spirituelle avait accès à l’enseignement des temples, et n’avait nul besoin d’un intermédiaire masculin entre elle et la Connaissance. Dans le domaine de la quête spirituelle, la condition sociale et le degré de fortune n’avaient aucune incidence, seule comptait la qualité de l’être au travers du cœur-conscience. »

Si la femme a peu de droits dans les cités grecques anciennes, à l’exception notable de Sparte, les cultes rendus aux déesses ont permis à des femmes d’accéder aux prêtrises :

«  Le monde grec connut diverses catégories de prêtresses, comme les abeilles d’Ephèse, les colombes et les pléiades de Dodone, les collèges de thyades ou de bacchantes. Les servantes d’Artémis comprenaient un corps de « maîtresses des robes sacrées », corps d’origine égyptienne, ayant pour tâche d’habiller et de parer la statue divine, laquelle était un aérolithe, une pierre tombée du ciel. Ces servantes d’Artémis ont été comparées par Plutarque aux vestales. »

Nous retrouvons bien sûr les vestales à Rome où est exaltée la fonction de gardienne du feu sacré. Certains aspects de l’initiation féminine romaine vont glisser dans le christianisme mais intégrés dans un tout autre paradigme. Lucie Leforestier dresse le portrait rapide de quelques figures féminines ou communautés de femmes chrétiennes remarquables : Marie et Marie-Madeleine, les Chanoinesses de Remiremont, Herrade de Landsberg, Hildegarde de Bingen, les Béguines…

Le dernier chapitre est consacré à la place des femmes dans la Franc-maçonnerie, place qui reste à conquérir bien que « La présence des femmes dans les corporations est reconnue dès le Moyen-Âge. ».

« Elles oeuvrent le plus souvent, précise-t-elle, dans les métiers spécifiquement féminins, mais on les trouve également dans la chaudronnerie, la serrurerie ou la métallurgie. Leur présence est aussi attestée dans les métiers de la construction. »

Cagliostro rendra à la femme une place essentielle dans sa Haute Maçonnerie Egyptienne. Cela reste une exception malgré le développement des loges d’adoption.

Si l’initiation féminine ne peut se déployer en toute liberté c’est le procès initiatique dans son ensemble qui en est altéré.

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