Présence. L’essence de la non-dualité de Rupert Sipra

Rupert Sipra nous invite à interroger et à explorer notre croyance en la séparation sujet et objet. Il nous exhorte à nous référer à notre expérience intime directe. Il s’applique à nous emmener au cœur et dans le vif de notre vécu en nous proposant d’examiner, étape par étape, notre expérience du soi séparé, du corps, du monde. Ce faisant, il fait éclore en nous une compréhension quasi-expérientielle, organique, profonde. Nous découvrons notre vrai visage, disponible à chaque instant : la pure Conscience dont le bonheur, la paix et l’amour sont les conditions naturelles. L’examen minutieux proposé par l’auteur nous amène à voir et demeurer avec ce qui est là, maintenant.

L’indicible nous est rendu tangible. Le livre de Rupert Sipra témoigne d’une incontestable vitalité par le fait que son auteur n’hésite pas à questionner à de multiples reprises l’évidence et l’illusion de l’évidence. Ce faisant, il nous amène à enquêter sur notre propre expérience et nous place directement en son centre. Il nous amène irrémédiablement au constat fondamental de la non-dualité :

« En l’absence de résistance à ce qui est et de recherche de ce qui n’est pas – autrement dit, en l’absence de

l’activité qui constitue le concept de moi séparé – il y a simplement la situation du moment, une seule substance indivisible ; et tout ce qui est exigé du corps et du mental sera orchestré par le tout, au nom du tout. Si une urgence se présente, notre corps-mental peut être tenu d’y répondre avec énergie. Toutefois, le soi imaginaire n’est pas présent dans cette réponse. (...)

Toute expérience est connue par notre Soi. (...)

La réalité que nous avions autrefois attribuée au mental, au corps et au monde réside dans notre Soi (qui est Conscience – Présence). »

Rupert Sipra va plus loin que le simple constat du fonctionnement de notre mental, il explore également avec autant de sagacité, l’intimité de toute expérience. La précision et la profondeur de son investigation nous conduisent plus loin que les idées communément admises sur la nature de notre expérience, au plus près de notre expérience de chaque instant. Peu à peu la lecture de ce livre développe en nous un art et une science du Voir.

« En fait, l’écran n’imprègne pas l’image ; il n’y a pas d’image séparée de l’écran. Image est juste le nom donné à l’écran lorsqu’il semble être autre que l’écran. Parties, séparation, êtres, objets ou autres sont les noms que nous attribuons à l’expérience lorsqu’elle parait être autre que notre Soi, Présence conscience, pure intimité. (...) A mesure qu’il devient clair qu’il n’existe pas d’auteur séparé et individuel de l’action, de la décision, du choix, etc. (…), les pensées et les sentiments qui gravitent autour de cette entité apparente et les habitudes de comportement et de relation qui s’y rattachent, vont de moins en moins apparaître. (...)

L‘entité séparée est totalement inexistante. » Rupert Sipra nous propose de poursuivre plus avant l’investigation. Que sait-on du cœur de l’expérience ?

« Il n’y a que vision et toutes les parties de cette vision – bien qu’en réalité, la vision ne soit pas composée de parties – sont imprégnées du voir ou de faire l’expérience. (...) La vision se voit elle-même mais non en tant qu’objet. (…) L’expérience est si proche d’elle-même, si intime qu’elle ne peut surgir pour se connaître, même en tant qu’expérience. »

Voir clairement est expérience directe de l’amour : « Cette intimité qui ne connaît nulle altérité, qui ne connait ni objets, ni êtres, ni entités, ni autres, ni monde, c’est l’expérience de l’amour. ». Alors que reste-t-il de l’expérience, du monde, du corps... ? Simplement « la Conscience - Présence qui fait l’expérience d’elle-même ».

« Ce n’est pas la Conscience - Présence qui fait l’expérience du monde au travers d’un corps - mental mais plutôt la Conscience - Présence qui fait l’expérience d’un corps/mental/monde ». Assertion toute provisoire qui n’est qu’un pas dans la bonne direction. « Nous ne trouvons dans l’expérience réelle, ni un objet, ni des objets. (…) Même le concept de sentir/penser/percevoir s’envole. (…) Il n’y a que faire l’expérience. (…) Et qu’est-ce qui connaît ou fait l’Expérience ? L’Expérience ! (…) Pour l’Expérience, se connaître, c’est simplement être elle-même. Pour l’Expérience, connaître et être sont un. (…) L’Expérience elle-même est à jamais présente, homogène, se connaissant d’elle-même, s’illuminant d’elle-même, existant par elle-même, immobile, immuable, sans cause. Elle ne connaît rien d’autre qu’elle-même. » Tout chercheur trouvera avantage à lire ce livre, ne serait-ce que pour vérifier où il en est dans son rapport à la réalité de son expérience.

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