Peut-on vivre au présent ? de José Le Roy

De nombreuses traditions, occidentales ou orientales, reconnaissent le temps comme le cadre de toute les problématiques. Poser la question du temps, c’est donc approcher non les problèmes de l’expérience humaine mais la racine de ces problèmes. José Le Roy note, avec beaucoup de justesse, que « Le temps avant d’être un problème philosophique à comprendre est une difficulté à vivre. ».

L’inscription dans l’instant présent constitue une réponse partagée par les sagesses du monde à cette problématique qui nous emporte. José Le Roy fait dialoguer des penseurs occidentaux et orientaux d’Aristote ou Plotin à Bouddha ou Ramana Maharshi pour aider le lecteur à comprendre le temps et à s’en affranchir à travers une série d’exercices qui visent l’instant présent, porte vers l’infini, l’intemporel, l’éternel.

A partir de cette simple question, « Quelle heure est-il dans l’univers si personne n’est là pour regarder sa montre ? », il s’agit de prendre conscience de l’illusion du temps, création de l’esprit et de notre compétence oubliée à demeurer ici et maintenant.

« L’homme ordinaire, nous dit José Le Roy, ne sait pas demeurer dans l’instant présent et, lié par son désir, il se tourne vers le passé ou le futur avec inquiétude ; il est entraîné par le courant du temps, par le grand dévorant. Mais un Bouddha, libre du désir et de la soif de ‘existence qui enchaîne l’homme au cours du temps, sait demeurer dans la spontanéité de la source instantanée et échappe par-là à la loi de la causalité karmique. La dure est constituée d’instants isolés ; chaque instant offre donc l’opportunité, grâce à la pratique du recueillement et de l’attention, de coïncider avec la nouveauté du présent. Comme l’écrit Silburn : « L’homme jouira alors d’une maîtrise accrue sur ces instants libérateurs jusqu’à ce qu’il s’ensevelisse en une tranquillité définitive ou nirvâna. ». »

S’inscrire consciemment dans l’instant présent c’est se rapprocher de sa nature véritable. L’ensemble des dix-sept exercices proposés, certains issus des travaux de Douglas Harding, permettent de dépasser la simple compréhension intellectuelle et de se familiariser avec l’intervalle, cet accès au grand réel toujours présent en toute situation à qui sait voir, accès au « je suis » de Nisargadatta.

Ce petit livre, pratique, véhicule des perles de sagesse qui soutiennent les exercices. Il s’agit d’un allègement, graduel ou subitiste, d’une libération des contingences du temps et de l’ouverture joyeuse au non-temps. Le temps, comme le monde, comme le corps, est un objet à l’intérieur de la conscience. L’effacement de la relation sujet-objet dans l’instant présent dissout les identifications et laisse libre la conscience de toute contraction. La mort n’est qu’une contraction.

« J’ai découvert, dit José Le Roy, que le présent n’a pas d’âge et que celui qui l’habite n’en a pas non plus. Seul ce qui est né peut mourir ; ce qui n’a pas connu de naissance ne peut être touché par la mort. Je demeure désormais dans ma demeure éternelle. »

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