Une robe de la couleur du temps. Le sens spirituel des contes de fées

Jacqueline Kelen détisse et tisse les contes traditionnels pour mieux souligner leur profondeur mystérique et leur fonction initiatique. Elle explore les contes comme autant de mondes à la fois nouveaux et familiers qui attendent de livrer leurs trésors de sagesse. Du Vilain Petit Canard à Peau d’Âne, passant par Le Roi-Grenouille ou Le Petit Chaperon Rouge, chaque conte, connu ou moins connu enseigne et éveille. Ces guirlandes de métaphores emboîtées délivrent ici une éthique, là une sagesse, ailleurs une clé alchimique, éclairant le chemin du lecteur là où il se trouve.

Réenchanter le monde, déployer l’esprit, laisser libre la place pour l’être, les finalités de ces contes initiatiques s’entremêlent pour donner naissance à ce nouvel homme que chacun peut pressentir quand il ne dort pas debout.

« Il y a dans toute histoire humaine, nous dit Jacqueline Kelen, un chant profond et secret qui demande à éclore, un chant unique que recèle chaque existence et qui souvent reste enfoui, se trouve empêché. »

Les contes traditionnels ont pour mission d’empêcher ce qui nous empêche, de nous libérer de ce qui nous rétrécit.

« Aux petits humains, dit-elle, les contes traditionnels rappellent deux choses principales : qu’ils ont à apprendre et à grandir. Apprendre, c’est quitter l’indolence et la suffisance, écouter, faire silence, être curieux et attentif ; c’est laisser les fausses certitudes, faire des expériences, se tromper, acquérir le discernement ; c’est persévérer avec ferveur, s’ouvrir à la connaissance qui emplit le cœur. Pour grandir, il faut d’abord prendre la mesure véritable de l’être humain et envisager ses possibilités inouïes, désirer hautement et ne jamais renoncer. Grandir, c’est se libérer des normes et des conditionnements qui font obstacle à l’essor de l’âme, c’est viser le Ciel, rien de moins. »

Les contes traditionnels ont une puissance poétique, ils ouvrent des portes insoupçonnées sur des mondes nouveaux ou des mondes anciens et oubliés. Jacqueline Kelen introduit le lecteur a une symbolique des contes tout en mettant en garde contre une systématisation du symbole. Les symboles sont vivants et ne sauraient être enfermés dans des significations arrêtées. Ils opèrent davantage qu’ils ne disent et se font souvent miroir de notre conscience. Il faut alors traverser le miroir pour accéder à l’invisible et au grand réel.

Le livre lui-même est un parcours initiatique. Jacqueline Kelen a organisé les contes présentés, choisis avec soin, comme une progression sur la voie spirituelle, de l’exil jusqu’au cercle d’or.

« Les contes de fées, conclut-elle, ne cessent de parler de l’au-delà et de l’outre-temps, de nous y préparer aussi. « Il était une fois », cette formule initiale ne renvoie pas à un passé révolu, mais désigne un temps pour toujours, merveilleusement vivant, dont l’âme garde mémoire en dépit de tout, à la façon dont Peau d’Âne garde dans son exil le coffret qui recèle les trois robes fabuleuses. »

La « parole scintillante » des contes traditionnels transmet une sagesse atemporelle venue d’un âge d’or qui n’est pas derrière nous mais devant nous. Il est le prochain, celui qui approche.

« Il était une fois… » La magie commence. Les yeux s’emplissent d’étoiles, les oreilles s’ouvrent, et le cœur aussi.

Et le cœur aussi. »

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