Lecture d’images de la Franc-maçonnerie

L’iconographie maçonnique est d’une grande richesse. Il existe d’une part une iconographie « interne » à la Franc-Maçonnerie faite principalement des tableaux, très nombreux, particuliers à chaque rite et à chaque grade. En eux-mêmes, les tableaux maçonniques, comme images, constituent un objet d’étude passionnant. Il existe une iconographie « externe » proposant un regard sur la vie maçonnique, que ce regard soit celui de maçons ou de profanes soucieux de révélations plus ou moins heureuses.

Cette iconographie complexe peut présenter une valeur traditionnelle, une valeur artistique et aussi un intérêt sociologique et historique.

La plupart des estampes ou gravures sélectionnées par Philippe Langlet pour son étude sont connues. L’originalité du travail de l’auteur réside dans son étude des images, non pas à travers leur symbolisme, mais comme « témoignages des pratiques maçonniques ».

L’une des entrées les plus intéressantes est la géométrie :

« Les graveurs et peintres, rappelle l’auteur, possédaient par formation, des principes très solides de géométrie, science que les Maçons placent au-dessus de tout, surtout dans les discours, mais qu’ils oublient de saluer lorsqu’ils en ont des témoignages éclatants. Pourtant la manière de composer illustrations, estampes et tableaux, fondée sur l’application des principes de la géométrie, sert à l’artiste à élaborer du sens, car c’est cela qui est proposé au lecteur étonné. »

Philippe Langlet recherche quelle narration graphique livre l’image et dans quel contexte, rite, région et époque. Le lecteur peut ainsi saisir l’évolution d’un même thème d’une période historique à une autre ou d’une région européenne à une autre. Il évalue les écarts parfois importants entre ce qui est représenté et la réalité qui sert de sujet à l’artiste. La lecture approfondie des images révèle des dimensions qui nous échapperaient sans la sagacité et l’érudition de Philippe Langlet. Des dimensions sociétales, voire politiques, viennent au jour sous son œil. Des détails, considérés comme insignifiants, deviennent d’importants indices.

La sixième partie de l’ouvrage est consacrée aux œuvres de William Hogarth, un génie de la peinture du XVIIIème siècle qui va introduire l’humour, voire l’ironie, dans ses images qui parfois tendent vers la caricature. En détournant certains thèmes pour les maçonniser, comme la scène de l’armement chevaleresque de Don Quichotte, William Hogarth pose la question de l’effectivité, de la réalité de la queste initiatique.

Les rapports complexes et parfois violents avec l’Eglise sont aussi l’un des thèmes traités par l’iconographie maçonnique, directement ou indirectement.

La lecture de ce travail est une opportunité de renouveler son regard sur ce qui se donne à voir dans la mise en œuvre des rituels. Plus généralement, l’ouvrage superbe de Philippe Langlet enthousiasmera non seulement les Francs-maçons mais tous ceux qui s’intéressent à l’art et à la trace.

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