C’est une heureuse initiative que de rééditer ce texte de Gérard de Nerval qui reprend ici un thème développé dans le Voyage en Orient. Nous savons l’intérêt de Gérard de Nerval pour la quête initiatique et la Franc-Maçonnerie. Il semble que son père, Franc-maçon, l’est introduit en Franc-Maçonnerie. Dans ses écrits, les références traditionnelles, notamment égyptiennes, et maçonniques sont très nombreuses. Il a accordé une place particulière au mythe d’Hiram qu’il a investi en profondeur et souvent de manière très originale.

La belle écriture de Gérard de Nerval est ici au service du mythe qu’il revivifie en son propre style afin d’en transmettre les composants essentiels et de faire lien avec l’expérience de l’initié ou de l’initiable. Roman initiatique, cette histoire de la reine du matin et de Soliman, prince des génies, est riche par son symbolisme, son argument et sa mise en scène. "Le fantôme s’avance. Adoniram le contemple avec stupeur. Son buste gigantesque est revêtu d’une dalmatique sans manches ; ses bras nus sont ornés d’anneaux de fer ; sa tête bronzée, qu’encadre une barbe carrée, tressée et frisée à plusieurs rangs,… sa tête est coiffée d’une mitre vermeille ; il tient à la main un marteau. Ses grands yeux, qui brillent, s’abaissent sur Adoniram avec douceur, et d’un son de voix qui semble arraché aux entrailles de bronze :
- " Réveille ton âme, dit-il, lève-toi, mon fils. Viens suis-moi. J’ai vu les maux de ma race, et je l’ai prise en pitié… - Esprit, qui donc es-tu ?
- L’ombre du père de tes pères, l’aïeul de ceux qui travaillent et qui souffrent. Viens ; quand ma main aura glissé sur ton front, tu respireras dans la flamme. Sois sans crainte, comme tu fus sans faiblesse…" Soudain, Adoniram se sentit enveloppé d’une chaleur pénétrante qui l’animait sans l’embraser ; l’air qu’il aspirait était plus subtil ; un ascendant invincible l’entraînait vers le brasier où déjà plongeait son mystérieux compagnon.
- "Où suis-je ? Quel est ton nom ? Où m’entraînes-tu ? murmura-t-il.
- Au centre de la terre… dans l’âme du monde habité ; là s’élève le palais souterrain d’Hénoch, notre père, que l’Egypte appelle Hermès, que l’Arabie honore sous le nom d’Edris.
- Puissances immortelles ! s’écria Adoniram ; ô mon seigneur ! est-il donc vrai ? vous seriez… - Ton aïeul, homme… artiste, ton maître et ton patron, je fus Tubal-Kaïn.""

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