Poèmes en prose et poèmes rimés habillent le ciel du voyage d'un couple, accord profond et rupture, voyage achevé inachevé qui se perd dans une belle légende de sirènes arrachées au fonds du puits par un cavalier, archétype du questeur.

"L'orage a mûri dans les vignes
Dans ma chair, dans ce qu'il en reste
Ses étincelles crépitent
L'or des pépites
De sable, de vent, de sourires
Se précipitent
Chimie maligne,
Funeste;
On sait que je suis une peste,
Que je désire
Me voir, enfin éparpillée,
Nue et blanche dans la rosée
A l'heure où le jasmin s'enfuit
Parfum superbe et meurtri
Et que mourir dans la vesprée
Vieille de t'avoir tant aimé
Est le destin qui a ton visage
Aussi beau, blond et bleu, parfait
Oui, mais trop folle, ou bien trop sage
Entre mes doigts je l'ai défait
J'ai vécu loin si près de toi
J'ai vécue bleue et j'ai mûri
Le fruit d'amour est trop suri
Il n'en reste que des peaux blettes
Et c'est Chronos qui nous rejette
Semeur d'écailles, de pavés,
Ses pas nous ont pulvérisés
Vitre ouverte
La lumière tressaille, vive,
Les pas inquiets s'arrêtent
La voix raille,
De rire, s'enivre
Il descend l'escalier
Comme un saumon saille
Au bord de la rive
Et de bonds en bonds
Les éclats de sa voix
Se clivent
Et comme passacaille
Meurent
Aux tréfonds de moi.
Un homme maudit
A ouvert tout bas
Le feu des mépris
Au milieu de l'oeil
Explose
Le recueil des mots
En prose
Et sanglant, s'efface sous mes doigts,
Comme insecte écrasé,
Ma joie."

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