Il y a une religion de l’Occident. "Cette religion, c’est l’antique paganisme grec ou latin, celte ou germanique. Ce paganisme valait les autres. Il n’est pas si loin de nous.

Nous ne sommes jamais que des païens convertis" Le païen est celui qui reconnaît le divin à travers sa manifestation dans le monde visible.
Jean Daniélou traitait là de la première alliance, celle de Noé, sans laquelle les autres n’existent pas.
Christopher Gérard pose alors la question de la conversion qu’il dénonce à juste titre comme une forme de colonialisme et rappelle que tout prosélytisme doit être considéré comme suspect.
Restaurer l’alliance de Noé, soit l’alliance avec nature (et Nature) est indispensable pour qui veut partir en Aventure, et se saisir de l’Absolu. L’Absolu ne peut être en effet approché contre-nature.
Le lecteur retrouvera dans ce numéro beaucoup des auteurs spécialisés dans le celtisme et le druidisme tel Michel Raoult, des animateurs de groupes druidisants ou celtisants comme Bernard Rio (Ordos), Alain Le Goff (Ialon) et des universitaires comme Philippe Jouët, Marcel Conche qui nous invite avec bonheur à relire Homère et des personnalités telles Alain Daniélou. Beaucoup de matière donc, beaucoup de richesses et des approches différentes.
Ë travers un long et érudit entretien, Philippe Jouët met en avant les fondements indo-européens des celtes: les données indo-européennes mises en évidence depuis plus de cent cinquante ans jouent un rôle déterminant dans l’interprétation des faits celtiques.
Il précise que La religion celtique représente, selon la vérité conventionnelle, un prolongement, sans solution de continuité, de la religion indo-européenne. On se souviendra, pour éviter des contresens, que l’innovation, dans ce domaine, est le plus souvent un renouvellement (nâvyasâ vàcah). La religion celtique n’est pas fidèle à son origine, elle est son origine. Car, au-delà de l’étiquette utile mais limitative de religion, voire de tradition, il s’agit avant tout d’un comportement irréductible à ses seules manifestations religieuses, verbales, politiques, etc. Ce comportement est accord à la vérité naturelle et n’est pas de l’ordre du discours. L’infidélité n’est le fait d’aucun paganisme (qui ne peut pas être infidèle à sa nature, puisqu’il ne serait plus lui-même), mais le fruit d’un contre-esprit nouveau, celui de la Conversion.
A la question de Christopher Gérard: Pourquoi étudier la tradition celtique aujourd’hui? Philippe Jouët répond avec une grande pertinence Il n’y a aucune raison. Il ne faut surtout pas se donner une raison d’étudier. Il ne faut pas d’abord étudier la tradition celtique.
En effet, la Tradition, l’Initiation, ne sauraient être raisonnable. De la même façon qu’elles ne servent à rien (valeur particulière à l’axe horizontale de l’avoir et du faire), Tradition et Initiation ne sont pas sujets d’études mais attitude et pratique de l’être vers l’Être.
Le lecteur appréciera, entre autre, le voyage auquel nous convie Marc Kluglist en compagnie de trois poètes gaéliques, William Butler Yeats bien sûr, mais aussi Dylan Thomas et Christopher Murray Grieve alias Hugh MacDiarmid.

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