L’initiation est Art. Le rapport qu’entretient l’initiable ou l’initié avec les arts est à la fois porteur de révélation et vecteur d’une conscience accrue.

Cet essai illustre parfaitement ce que l’on peut attendre d’un initié qui est peut-être avant tout un artiste, c’est-à-dire un créateur, c’est-à-dire un inventeur.
En cherchant à décoder fresques et toiles de l’art chrétien, médiéval ou renaissant, André Deghaye renoue pleinement avec la démarche hermétiste. On sait que les traditions hermétiques, qu’elles soient d’obédiences rosicruciennes, pythagoriciennes, osiriennes ou autres, savent user des langages crépusculaires, picturaux ou poétiques. On sait aussi l’importance du nombre dans cette quête d’une structure absolue, souvenons-nous du 515 mis au jour par Lima de Freitas. Ici, ce sont d’autres nombres, comme le 153 et le 666 qui ouvrent ou ferment les portes du réel, selon le maniement qui en est fait.
Le travail d’André Deghaye est considérable. Il est original, inédit, ce qui n’est certes pas un handicap, nous sommes dans l’inventio de l’initiation, non plus dans l’imitatio.
Cet essai, préfacé par Antoine Faivre, est donc un traité d’arithmologie, ou d’arithmosophie diraient certains, la science des nombres qui, immanquablement nous renvoie à Pythagore. Une science des nombres qui n’est jamais dissociée d’une science des lettres.
Partant d’une étude classique des nombres et des lettres selon la tradition hébraïque, André Deghaye investit plusieurs œuvres à la recherche d’une harmonique des nombres davantage pythagoricienne : la Nativité de Giotto, l’étonnanteVierge alchimique du Musée de l’Ancien Collège des Jésuites de Reims, Le Jugement dernier de Fra Angelico. L’étude des nombres 153 et 666 conduit le lecteur jusqu’au Temple de Salomon et à ses deux colonnes dont la somme fait 819, soit justement 153+666.
Enfin, il nous conduit en Egypte antique à la recherche du dieu Noun, dieu-poisson dont on connaît l’importance en hermétisme égyptien, qui porte le nombre du Fils et conduit au nom de Dieu (YHVH).
« La présente étude, nous dit l’auteur, menée dans le souci de mieux comprendre le message transporté par la divine Parole, nous fait percevoir qu’à travers les Nombres l’Être divin s’offre à rechercher davantage qu’à connaître. Demeurant ineffable, Il ne se révèle que pour mieux laisser entrevoir l’inconnaissable de Sa souveraine Nature, peut-être à jamais insaisissable. Un instant Il nous éclaire pour mieux nous rappeler ces paroles pleines de son mystère infini : « Eheyeh Asher Eheyeh » : « Je suis l’Être immuable » (Ex 3,14).
Et encore :
« Le rôle des Nombres dans les Ecritures, lorsque l’on en possède une clef, est d’en permettre une approche plus intérieure, plus exhaustive. Par l’arithmologie, certains mots, certains versets, prennent un sens, une dimension, jusqu’alors insoupçonnés. Le verbe en son Tout est le Un. Le Verbe est Dieu. En sa béatitude le Un est serein, égal à lui-même. Pourquoi, se demande-t-on, le Un, si tranquille, crée-t-il le Deux de par sa propre volonté afin de devenir Trois et d’engendrer la multitude ? Peut-être parce qu’Il ne peut être appelé Dieu qu’à partir de l’instant où Il se crée. Avant cet instant, simple et fondamental Il est, mais Il n’est Dieu qu’Au Commencement de sa Création. La notion de dieu est inséparable de la notion de création. »
Ce livre, fruit de plus de dix ans de recherches, mérite une étude attentive. Il complète le précédent travail de l’auteur consacré à la géométrie évangélique.

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