Grand voyageur, tel est Hervé Rougier. Voyageur des chemins et voyageur de la plume. Promeneur, marcheur et auteur.
Le voyage de Jean-Baptiste des Vosges à Vienne (mars-novembre 1890) nous parle d’une époque oubliée qui entretenait un autre rapport au temps. Prendre le temps était alors plus important que gagner du temps.

Voyager n’était pas encore une obligation professionnelle, un loisir, une obligation estivale, mais une aventure, une découverte, tant du monde que de soi-même, souvent une peur. Ce n’était point la performance, se rendre ici ou là, qui importaient, mais le mouvement lui-même qui faisait sens. L’altérité avait encore toute sa force.
Ce sont toutes ces choses qu’Hervé Rougier nous invite à réapprendre en suivant, pas à pas, Jean-Baptiste, grand coureur de chemins, de l’autre côté de la montagne.
Nous sommes en 1890 près de Saint-Dié. Jean-Baptiste a soixante ans et une vie laborieuse derrière lui. Il décide d’accomplir son rêve : se rendre de l’autre côté des montagnes en marchant vers le soleil levant. Neuf mois d’un voyage qui le conduira à Vienne.
A partir des notes rédigées par Jean-Baptiste jour après jour, Hervé Rougier nous fait partager le bonheur de l’aventure, de paysage en paysage, de visage en visage. Des villageois, des Compagnons du Devoir, des professeurs, un Rom, un alchimiste, le bourreau de Salzbourg, et même le couple impérial sont quelques-uns des personnages croisés par Jean-Baptiste avec qui il fera alliance. L’ouverture au monde, l’ouverture à l’autre ne vont pas sans l’ouverture à soi-même. Il y a chez Jean-Baptiste émergence, au fil des chemins, de la tranquillité du soi, d’une paix intérieure qu’il partage naturellement par la simple présence. C’est une histoire d’amitié et de fraternité, de simplicité et de bon sens, c’est-à-dire du sens de ce qui est bon, pour soi et pour les autres, que nous raconte avec brio Hervé Rougier faisant vivre tous ces personnages dans nos cœurs.
« Jean-Baptiste, sur son chemin, pensait à tout autre chose qu’à la guerre que les gouvernements des pays frontaliers voulaient allumer sans songer aux millions d’hommes qui périraient sur les champs de carnage. Lui avait à cœur de voir du pays, de se plaire en compagnie de tout le monde, que l’étranger fût allemand, russe ou italien. Intuitivement il devinait que les pas qu’il s’apprêtait à multiplier le mèneraient vers une fraternité entre les peuples, que l’odieux esprit nationaliste dressait les uns contre les autres. »
De son voyage, Jean-Baptiste ramena un trésor en lui-même qu’il partagea avec ceux qui, chez lui, dans son village, était resté « là » et « las ».
Par cette lecture, nous pouvons réveiller en nous ce sens du voyage et de l’aventure qui fonde aussi notre humanité.

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