Robert Beer est un spécialiste de la peinture tibétaine et de l’iconographie symbolique.
Ce livre est le fruit d’un travail rigoureux et très poussé sur le symbolisme propre au bouddhisme tibétain. Il explore non seulement les significations et les usages les plus classiques mais également les interprétations les plus ésotériques ou les plus transgressives.

Il suit donc le chemin du symbole de l’exotérique à l’ésotérique, du religieux à l’initiatique, redonnant au symbole sa puissance de procès.
Les symboles traités ici dépassent cependant le cadre strict du bouddhisme puisque nous les retrouvons souvent dans d’autres traditions, hindouisme, shivaïsme, et autres, auxquelles le bouddhisme tibétain a fait bien des emprunts.
Voici les sujets traités dans ce livre de référence : Les huit symboles de bonne augure – Les huit substances de bonne augure – Les cinq offrandes sensorielles – Le Chakravartin – Les emblèmes et les offrandes symboliques – Les animaux et les créatures mythiques – Les symboles cosmologiques – Les principaux instruments rituels et tantriques – Les armes – Les cinq armes magiques de Shri Devi – Les attributs et les offrandes terribles – Les emblèmes manuels et les attributs rituels – Les attributs végétaux – Le dharmodaya ou origine des choses – Les tormas et les offrandes symboliques – Les mudras ou gestes de la main.
Un extrait de l’un des trois cents articles que rassemble ce livre vous permettra de juger de la qualité du travail entrepris par l’auteur. L’extrait traite de la coupe crânienne ou kapala.
« La coupe crânienne est un récipient de forme ovoïde découpé dans la calotte d’un crâne humain, qui sert à présenter des offrandes ou à contenir la nourriture ou les substances sacrées que l’on présente aux déités du Vajrayana. C’est l’attribut qu’un grand nombre de yogis, de sages, de dakinis, de yidams ou de déités protectrices tiennent dans la main gauche. La coupe crânienne peut contenir de l’ambroisie (skt. Amrita), du « nectar vital » (sperme), de l’alcool, des gâteaux rituels, du sang frais, de la moelle, des intestins, de la graisse, ou le cerveau, le cœur et les poumons des ennemis démoniaques qu’incarnent les maras et les rudras, par exemple. Ses qualités, comme celle de la trompette fémorale, sont étroitement liées à sa provenance, les coupes les plus efficaces pour les pratiques relatives aux déités courroucées étant en premier celles découpées dans le crâne d’un brahmane, en second celles provenant du crâne d’une personne victime d’un meurtre ou d’une exécution. Le crâne d’un enfant mort aux prémices de la puberté et le « crâne incestueux » (tib. Nal-thod) d’un enfant de sept ou huit ans né d’une relation incestueuse, sont tous deux réputés d’une grande puissance. Lorsque Shri Devi, la déesse courroucée, se manifeste comme la Glorieuse Reine qui refoule les armées (tib. dPal-ldan dmag-zor rgyal-mo), elle tient dans sa main une coupe taillée dans un crâne incestueux et pleine de sang magique (tib. thun-khrag). La coupe crânienne, que la déité tient généralement dans la main gauche (sagesse) devant son cœur, est parfois associée à des instruments tenus à droite, masculins et méthodiques, tels qu’un vajra ou le couperet à lame courbe. De nombreuses déités tutélaires ou protectrices tiennent un couperet à lame courbe devant le cœur, au-dessus d’une coupe crânienne, pour représenter l’union des moyens habiles et de la sagesse… »
Bénéficiant d’une iconographie élégante, l’ouvrage érudit de Robert Beer constitue une vaste source d’informations ainsi qu’une forte invitation à la recherche. Il est l’un des meilleurs outils de ce type apparus ces dernières années.

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