Ces Brins de fil pour une lecture de La Bataille de Pharsale sont un bel hommage rendu à l’auteur, en même temps qu’une brève étude très riche. Intime de l’écriture de Claude Simon, François Laur multiplie les regards, décalés ou de face, pour mieux révéler ce qui caractérise une œuvre d’exception :

« La lecture qui vient d’être proposée, conclut-il, si l’on veut bien lui reconnaître quelque pertinence, souhaiterait avancer au moins deux affirmations. La première pour insister sur l’extrême attention portée par Claude Simon à tout ce que la langue véhicule, ce qui constitue l’une des richesses pratiquement inépuisable de son texte ; parfaitement conscient du fait que « l’écrivain est celui qui ne sait et ne peut penser que dans le silence et le secret de l’écriture, celui qui sait et éprouve à chaque instant que lorsqu’il écrit, ce n’est pas lui qui pense le langage, mais son langage qui le pense, et pense hors de lui », comme l’assure un célèbre spécialiste de narratologie. A lire Claude Simon, nous sommes donc conduits à nous interroger sur notre propre façon d’appréhender le récit ; et nous nous apercevons que ce ne sont pas les choses devant nos yeux qui comptent de manière autonome, mais que notre reconstruction permanente d’images à travers la machinerie langagière « est convoquée comme élément génétique du processus de fiction », pour reprendre des termes de François Bon. La seconde affirmation que cette étude désirerait poser ; la voici : comme dans l’œuvre de tout grand créateur, on trouve dans celle de Claude Simon la vérité du monde le plus contemporain ; cette œuvre révèle ce qu’il en est de notre monde : monde de guerres, de violence, monde fabriqué à coups d’images chocs et de choc des images. »

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