La personnalité complexe et insaisissable de Salvador Dali rend périlleuse toute tentative de biographie. Pourtant celle-ci est réussie à la fois dans la forme et dans le fond. Dans la forme car le lecteur est entraîné dans un texte rythmé et joyeux, plein de rebondissements.

Dans le fond car l’auteur démystifie le Dali surréaliste pour nous faire découvrir les autres Dali, celui proche de Warhol et de Duchamp, celui qui explore les limites des sciences dures ou molles, quanta ou inconscient, celui qui conçoit une relation humaine comme œuvre d’art, tisse des passerelles entre les arts, se trouve à l’avant-garde des avant-gardes.
Peintre, certes, mais aussi romancier, poète, scénariste, décorateur, provocateur de génie, Dali aura explorer presque toutes les dimensions de l’expression humaine. Il aura dépensé une énergie folle à se rendre insaisissable, inclassable, refusant de se laisser enfermer dans un concept fusse-t-il doré, se jouant des formes, quitte parfois à se perdre lui-même.
« Je ne sais jamais, dit-il, quand je commence à simuler et quand je dis la vérité. Cela est caractéristique de mon être profond. Il m’arrive très souvent que je dise des choses convaincu de leur importance et de leur sérieux ; au bout d’un an, je m’aperçois qu’elles sont puériles et dépourvues de tout intérêt au point d’être lamentables. En revanche ce que je dis en riant, pour paraître brillant ou pour étonner, à mesure que le temps passe, je me convaincs que j’y ai exprimé quelque chose de très beau et de très important. Ces alternances finissent par m’embrouiller mais je m’en sors toujours. Il faut en tout cas que le public ne sache point si je rigole ou si je suis sérieux. De même, il ne faut pas que je le sache moi-même. Je suis dans la constante interrogation : où commence le Dali profond et philosophiquement valable, et où cesse le Dali loufoque et saugrenu. »
Dali, fasciné par les états limites, aura également cherché à exploiter les dimensions nouvelles que le rêve, comme les états psychotiques, peuvent offrir au créateur. Il fait partie des rares poètes à saisir réellement la dimension de l’Eros. Galla bien sûr, mais d’autres aussi, femmes ou hommes, ont contribué, comme terrains ou comme révélateurs, comme anges ou comme démons, à ses recherches érotiques.
Cette biographie nous parle d’un Dali terriblement vivant, très éloigné de l’image de superficialité que les médias ont contribué, ce faisant complices, à installer. A découvrir.

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