Personnage attachant aux multiples facettes, ayant démontré nombre de talents, Alexandro Jodorowsky fait partie de ceux qui, condamnés à faire la Queste, n’auront cessé d’aller au-delà pour saisir l’Être.

Que cela soit avec le maître Zen Ejo Takata, avec la peintre surréaliste Leonora Carrington, avec ces femmes, sorcières magnifiques, qui relient le ciel et la terre, Alexandro Jodorowsky incarne l’esprit de la noble aventure.
Croisant le faire avec l’ego, cherchant l’immobilité parfaite, puis au contraire, l’essence dans la fluidité du mouvement, il serpente entre silences et expériences ultimes.
Ce livre, son meilleur sans doute, autobiographie romancée avec jubilation, porte l’essentiel d’une quête inconditionnelle dans un monde halluciné. La beauté y côtoie la laideur. La haute spiritualité s’unit avec la fange. Evitant les paravents d’illusion et d’autosatisfaction, Alexandro Jodorowsky libère le lecteur des préjugés communs à propos d’initiation et d’éveil. Il pointe avec soin les chemins étroits qui conduisent au Soi. Ainsi cet extrait, parmi d’autres.
Jodorowsky vient de se faire agresser. Il est sauvé par une femme étonnante, Dona Magdalena, qui s’adresse ainsi à lui :
« En méditant, tu développes la conscience, et c’est précisément pour cela que les déesses nous ont créés. Leur jeu consiste à obtenir que la totalité de la matière devienne consciente. A la fin des temps, cet univers doit être pur esprit. En rendant ton corps plus subtil, tu aides les Créatrices suprêmes à réaliser leur œuvre. (..) En transformant ton corps en statue, tu suis le chemin contraire, celui que les déesses ont déjà parcouru et qu’elles ont épuisé : matérialiser l’esprit… Tout ce que voient tes yeux, tout ce que tu entends, goûtes et touches, ce sont des divinités pétrifiées. Chaque pierre, chaque plante, chaque animal enferme une conscience qui doit être libérée, non pas au moyen d’une destruction, mais par une mutation… Même si tu ne le crois pas, ce que tu appelles réalité est par essence un chant d’amour. Tout peut avoir des ailes, même les excréments. Tu dois te rendre compte que ces prostitués sont d’une certaine façon des saints… Aussi saints que cette mendiante qui dort à côté des poubelles. L’autre est celui que tu vois en toi… »
Alexandro Jodorowsky, de rencontre en rencontre, restitue clairement le sens de la folie de la queste en faisant de chaque situation un koân qui se résout dans la verticalité et dans le silence.

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