Gilles Bernheim, Daniel Cohen, Henri Cohen-Solal, Edouard Dommen, Jacques Goldberg, Jean Halpérin, Nelly Hansson, Bertrand Hervieu, Patrick Landman, Stéphane Mosès s’interroge sur la pertinence du Yovel, le « Jubilé » qui tout les cinquante ans permettait la libération des esclaves, l’annulation des dettes, la restitution des terres, etc.

Ce message jubilaire très ancien, né dans une société agraire, a-t-il encore un sens aujourd’hui ? Oui, clament les participants à ce XXXIXème colloque des intellectuels juifs de langue française, autour d’un Jean Halperin qui voit dans le Yovel un modèle pour un nouvel ordre mondial.
Les intervenants, reconnaissant la nature subversive du Yovel, voient dans celui-ci un double mouvement de libération, économique d’une part, spirituel d’autre part. Jean Halperin parle du Yovel et du Shabbat comme constituant le langage du peuple juif, langage auquel il attribue une vocation universelle :
« Si d’autres familles spirituelles s’efforcent d’inscrire à leur tour le Jubilé dans leur paysage mental, gageons que ce ne sera pas pour le récupérer ou se l’approprier, mais pour s’en inspirer, au bénéfice de tous.
Ce serait peut-être l’un des moyens de réparer ce « monde en perdition » qui a tant besoin d’un surcroît d’imagination, de volonté novatrice et de sagesse. (…)
Les commandements visant à promouvoir le progrès économique et la justice sociale et interdisant l’accumulation illimitée de richesse sont précisément au nombre des voies propres à assurer l’établissement d’un monde meilleur et plus juste. Selon le judaïsme, chaque action contribue à la réparation de l’univers, d’autant plus que chacun doit considérer que c’est pour lui (ou elle) que le monde a été créé. »
On voit l’association très nette entre Yovel et le tikoun olam, « réparer le monde sous la royauté divine ». Il s’agit bien, pour simplifier de faire en sorte que les riches ne soient pas de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres, non seulement pour des raisons d’éthique économique et politique, mais aussi par respect pour un ordre cosmique qu’il nous appartient toujours d’approfondir.
Le Jubilé apparaît comme un retour à un état originel. Sa portée spirituelle est donc essentielle même si sa dimension économique et politique nous semble, dans le contexte très aigu que nous connaissons, d’une cruelle actualité.
Ces réflexions, ces échanges, sont sans conteste une contribution importante au questionnement qui devrait être le nôtre en ce début de troisième millénaire. Ils démontrent comment les problématiques passées demeurent, comment les réponses passées sont toujours vivantes, comment elles peuvent nourrir l’innovation et la créativité.

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