La foi des prophètes dont la première édition en langue allemande remonte à 1950. Une édition néérlandaise incomplète était toutefois parue dès 1940.
Le livre fut donc écrit juste avant la Shoah et repris dans les années suivantes avant d'être publié dans une version complète néérlandaise en 1948, anglaise en 1949, allemande donc en 1950, puis révisé pour l'édition tardive de 1984.

La question centrale de l'ouvrage est celle du prophétisme et de la relation très particulière qui existe entre Israël et son Dieu. Martin Buber allie une érudition sans faille et une pensée très originale.
Dominique Bourel, Directeur de recherche au CNRS, insiste dans la préface sur la figure particulière du prophète : " Le prophétisme, un phénomène central de l'histoire des religions, est pour Buber un des modes de la relation entre l'homme et Dieu. En effet, le prophète est un appelé, un envoyé qui parle au nom de Dieu, mais il reste un homme qui s'adresse à des hommes et à une communauté. Le prophète inscrit une parole dans l'histoire, et pas n'importe quelle histoire, celle de son peuple. Le propos est difficile à étayer car les textes bibliques utilisés sont complexes à dater et le phénomène du prophétisme s'étend sur plusieurs centaines d'années. Mais ce ne sont pas seulement des légendes comme le pensait alors un de ses contemporains, Hermann Gunkel. Le prophète menace, exhorte, console, rappelle ce que Dieu a fait. Il évoque les actions de Dieu plus que toutes ses qualités. Le prophétisme est d'abord une rencontre avant d'être une théologie articulée. Le prophète n'est pas un prêtre. Souvent il bouscule même ce dernier. Il n'est pas seulement celui qui voit l'avenir prédéterminé car il laisse encore aux hommes la liberté d'agir. Il permet de penser l'élection d'Israël avec le prix souvent exhorbitant qu'elle coûte ; ici encore il est difficile de ne pas entendre ce qui se passe dans l'Europe à l'époque. "
Et cette première publication en français prend une signification particulière dans l'actuelle crise israélo-palestinienne. En effet, pour Buber, ce qui est dit, ce qui est énoncé peut modifier les destins, modeler l'histoire. Le prophète responsabilise le peuple, le place face à son vouloir et à son pouvoir. Si Buber donne à la figure du prophète, comme le stipule Dominique Bourel, toute sa dimension métaphysique, il confronte l'homme à ses actes. Ce livre, écrit avant la Shoah, est aussi un livre pour aujourd'hui. Sa parution en Allemagne en 1950 fut un événement. Sa parution aujourd'hui en France peut s'avérer tout aussi considérable.

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