Ce n'est pas un hasard si ce livre est préfacé par le Dalaï-Lama. Ce n'est pas seulement parce que le Dalaï-Lama est un ami de Laurence Freeman, moine bénédictin anglais, directeur de la World Community for Christian Meditation, qui s'inscrit dans la lignée de Thomas Merton.

C'est aussi parce que Laurence Freeman nous parle du christianisme comme voie d'éveil, dépassant ainsi les dichotomies entre foi et expérience, entre religion et spiritualité.
Ce livre est un livre de dialogues, dialogue entre l'humain et le divin à travers le chemin d'un homme qu'on dit " de Dieu " et que nous pourrions dire " de l'Être ", dialogue entre l'Occident et l'Orient qui démontre une fois de plus, une foi de moins, que le chemin vers l'Être est unique sous les vêtements différents de la culture et de la foi.
C'est à partir de la réalité historique de Jésus, et des commentaires apportés et suscités par les Evangiles, que Laurence Freeman nous introduit au Simple et à l'Un, identifiant immédiatement ce qui essentiel, le lieu du silence, là où les choses se jouent :
" La question de Jésus est éminemment importante pour la culture contemporaine précisément parce qu'elle nous rappelle au silence. Ceci, il ne le crie pas ; son silence parle à sa place : " Mieux vaut se taire et être, que de parler sans être. Il est beau d'enseigner, si l'effet accompagne la parole. L'unique Maître que nous possédons parla et le monde fut. Même les úuvres qu'il a faites dans le silence sont dignes du Père. Quiconque possède la parole de Jésus-Christ peut en vérité entendre aussi son silence, et ainsi accèdera-t-il à la perfection : il agira par sa parole et se dévoilera par son silence " (Ignace d'Antioche, Lettre aux Ephésiens, 15, 1-2). Jésus parle en silence dans tout l'Evangile : le silence préverbal du nouveau-né ; le regard qui pénètre dans les âmes pour libérer de la peur et de l'ignorance ; l'immobilité qu'il oppose aux questions de Pilate en refusant de s'engager dans des arguties qui auraient pu lui sauver la vie ; le silence post-verbal de la crucifixion. De même, dans toute vie d'aujourd'hui guidée par l'Evangile, nous rencontrons son silence dans la pensée, la parole, l'action, et la prière dans l'Esprit de vérité qu'il a envoyé pour guider l'humanité.
Nous sommes silencieux chaque fois que nous faisons attention. Nous faisons attention lorsqu'il n'y a pas de pensée-Je, pas de conscience tournée sur elle-même, pas de pensée que nous sommes l'observateur. Cette attention est l'essence de la prière. Chaque fois que nous sommes dans cet état nous sommes en prière, que ce soit à l'église ou au supermarché, au lit ou au bureau, en faisant l'amour ou en gagnant de l'argent. La dimension de notre être qui est touchée par la question de Jésus est perpétuellement dans cet état. Lorsque nous prions, nous retournons à la prière. Lorsque nous écoutons, nous retournons au silence. "
Cet extrait montre à lui seul tout l'intérêt de l'expérience et du message de Laurence Freeman pour qui veut tenter l'aventure spirituelle, l'aventure de l'Être. Il nous conduit, muni de la discipline du silence face à Jésus pour que celui-ci nous pose, à la manière d'un koan zen, la question : " Pour vous, qui suis-je ? ". Queste de l'identité, queste de l'Être.

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