Ce livre est dédié à tous les "Honnêtes Compagnons Passants tailleurs de pierre d'aujourd'hui et de demain". Il est un hommage et une invitation à la véritable queste à laquelle les Compagnons, tailleurs de pierre et autres, font plus que participer, ils en demeurent le pilier central sans lequel les cercles spéculatifs ne sauraient retrouver le Centre. En gravant les arcanes de "Némésis la glorieuse" dans la pierre, le Compagnon l'inscrit dans le Soi-peau du questeur.

A travers cette recherche historique, Jean-Michel Mathonière, tout en appelant Prudence à ses côtés, démontre que "les compagnonnages possèdent bel et bien une profonde dimension initiatique qui ne saurait être réduite ni au folklore (au sens péjoratif que ce terme tend à prendre), ni à de simples considérations relatives à la psychologie des groupes - lesquelles, comme on peut actuellement le constater aussi pour l'emploi à tout propos du terme "compagnonnage" dans la presse, s'accompagnent trop souvent d'une banalisation excessive de l'adjectif "initiatique". L'auteur, très lucide, identifie parfaitement les carences, ou les arrière-pensées, de tous ceux qui veulent fixer dans une forme obéissant à la linéarité temporelle ce qui relève de l'hypercomplexité et du tissage de la vie elle-même. Il préfère nous introduire à une étude rigoureuse du symbolisme comme langage véritable, et non comme hypothétique support à de pseudo-méditations. L'étude qu'il offre des couleurs fleuries et des blasons notamment propose au lecteur des perspectives inhabituelles sur certains symboles, règle et compas, dans leur relation au serpent, palme, ou chrisme... L'auteur débroussaille des chemins oubliés et met en garde contre les chemins trop parcourus :
"Ce n'est pas dire que les rites et symboliques compagnonniques relèvent intégralement d'un ésotérisme qui serait consciemment cultivé depuis des siècles par tous les Compagnons, indistinctement. S'il n'est pas impossible que la trame fondamentale résulte initialement d'une telle intention - nous verrons au sujet du blason des Compagnons Passants tailleurs de pierre qu'il fait preuve d'une profonde cohérence et ouvre graduellement (initiatiquement) à des perspectives pour le moins spirituelles -, le temps, et les préoccupations de ces hommes, qui ne sont pas que des spéculatifs (car les opératifs savent eux aussi spéculer), ont fait leur oeuvre et ont rendu relativement confuse la tradition.
Si la compréhension exacte de certains des éléments de l'héritage compagnonnique est probablement à jamais impossible, pour cause de lacunes documentaires irrémédiables, celle d'un assez grand nombre peut être à peu près restituée, soit en mettant à jour de nouvelles sources documentaires, soit - et c'est là une méthode dont l'application forme l'essentiel de ce livre - en analysant les sources connues en perspective d'en retrouver et d'en dater les racines dans les substrats culturels (notamment religieux et professionnels) que les compagnonnages d'antan avaient nécessairement à leur disposition."
Cet ouvrage mérite une lecture très attentive, il contribue à une interrogation salutaire sur la fonction symbolique dans le parcours initiatique.

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