Tauroboles et mystères phrygiens au IIe siècle

Les « douches de sang », ces baptêmes sanguinaires que les prêtres phrygiens auraient effectués lors de sacrifices de taureaux (tauroboles) ou de béliers (crioboles) ont profondément marqué les imaginations. On sait aussi que les lames de ces officiants réservaient un traitement tout particulier aux parties génitales de ces animaux, rappelant ainsi l’autocastration qu’Attis s’infligea, frappé de folie par la déesse Cybèle, jalouse de ses infidélités. Ces sacrifices avaient-ils une simple vocation de « commémoration », ou bien comportaient-ils une teneur plus « mystérique » nous-demande l’historienne Françoise Van Haeperen ? Contre toute attente, elle opte pour la seconde hypothèse ….

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Nous sommes au milieu du IIe siècle de notre ère. Le Christianisme n’est pas encore religion d’Etat. Différents cultes fleurissent dans l’Empire, dont celui de Mithra mais aussi celui de la Grande Mère, Cybèle (Mater Magna). De nombreux autels dits « tauroboliques » ont été retrouvés à Rome, en Italie, mais aussi dans les Gaules et les Germanies, régions qui étaient alors des provinces de l’Empire Romain.

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Mystères phrygiens et mythe de Déo, leur (funeste) point commun : la castration…

« J’ai mangé dans le tambourin, j’ai bu de ce qui est dans la cymbale et j’ai appris à fond les mystères de la religion… ». Voici l’une des phrases de reconnaissance, plutôt énigmatique, qui nous a été transmise par Firmicus Maternus (auteur latin, IVe siècle ap. J.-C.) et Clément d’Alexandrie (auteur chrétien, IIe siècle ap. J.-C.) sur les us et coutumes de ces mystérieux rituels phrygiens.

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Certains rituels étaient publics mais d’autres se déroulaient à l’abri des regards profanes…

Ces codes secrets étaient échangés entre les initiés…. Car comme le souligne Françoise Van Haeperen : « si certains sacrifices étaient donnés publiquement, par exemple pour le Salut de l’Empereur, d’autres cérémonies, plus privées, s’accompagnaient de rituels bien mystérieux, à l’abri des regards profanes »…
Quelle était la nature exacte de ces pratiques ? Où s’arrêtait la chose publique (« Res Publica ») et qui étaient ces « Galles », que le désir de perfection et de « chasteté perpétuelle » conduisait à une autocastration, volontaire ?

Eléments de réponse de Françoise Van Haeperen dans cet exposé qui lève un peu le voile sur ces cultes à mystères, où liturgie et théurgie étaient étroitement liées….

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Un exposé enregistré à l’INHA, Paris, le 20 septembre 2018 durant le colloque international « Les mystères au IIe siècle de notre ère : un mysteric turn ? » organisé par Nicole Belayche (EPHE, PSL / AnHiMA), Philippe Hoffmann (EPHE, PSL / LEM) et Francesco Massa (Université de Genève), auxquels nous adressons nos remerciements.

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